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L’ÉGLISE FRANÇAISE
APRÈS QUINZE ANS DE SÉPARATION

I
LE CLERGÉ

Qu’est-il advenu de l’Église en France depuis qu’elle est séparée de l’État ? A-t-elle souffert ou profité du nouveau régime ? A-t-elle trouvé de quoi vivre ? A-t-elle recruté des ministres et conservé ses fidèles ? Est-elle en déclin ou en progrès, et qu’augurer, pour l’avenir du catholicisme dans notre république, de l’histoire religieuse des quinze dernières années ?

J’ai tenté, pour répondre à ces questions, de pénétrer les âmes de nos concitoyens, en faisant pour ainsi dire la statistique de leurs croyances et le bilan de leur piété. Cette enquête, sur la vie spirituelle de la France, s’est étendue à soixante-seize départements ; j’en offre ici les résultats à ceux qu’intéresse le mouvement des idées, au moment où notre gouvernement vient de renouer, sur le terrain politique, ses relations avec le Vatican.


I

En un pays démocratique comme le nôtre, où la majorité régnante et gouvernante est proprement ce qu’on nomme « l’Etat, » la répudiation par cet « État » d’une Eglise qui, dur ; mt quinze siècles, avait fait corps avec la machine officielle, semblerait, si on ne savait combien de causes vicient les résultats du suffrage universel, révéler, à tout le moins, l’antipathie