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la France n’était plus à sauver, elle était du moins à reconstruire presque tout entière, déçu comme tant d’autres par le traité de Versailles, il se dit que l’action politique lui offrirait le meilleur moyen, et le plus efficace, de faire passer dans les faits quelques-unes des idées qui, depuis longtemps, le hantaient. Il tint à honneur de représenter au Parlement la petite patrie à laquelle il était attaché par toutes les fibres de son être, par les services passés de tous les siens. Elu député de l’Aveyron, sur le large programme du « Bloc national, » inscrit au groupe de l’Entente démocratique et sociale, président de la Commission de l’armée, par ses discours, par ses conseils, par ses articles, par toute son activité d’esprit et de cœur généreusement dépensée, il est devenu l’une des grandes autorités de la nouvelle Chambre ; par son bon sens, par son désintéressement, par sa courtoisie, par sa rondeur et sa finesse, par la cordialité de sa parole, il a su inspirer à ses adversaires eux-mêmes, non seulement du respect, mais de la sympathie. Il est, à l’heure actuelle, l’un des représentants les plus écoutés et l’une des grandes forces agissantes de ce que je me plais à appeler « la troisième France. » — Heureux et grand pays que celui qui, après avoir vu tomber sur les champs de bataille quatorze cent mille de ses enfants, presque toute son élite, trouve encore pour le guider, dans l’œuvre de son relèvement, l’esprit lucide, l’âme ardente et victorieuse d’un Castelnau.


VICTOR GIRAUD.