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ministre, le général de Castelnau au poste de chef d’état-major général, charge de la direction de la guerre, et il est incontestable qu’une situation de ce genre, qui l’eût utilisé tout entier, répondait admirablement à ses aptitudes. Des intrigues politiques et militaires intervinrent alors, qui firent rapporter cette très heureuse décision. Finalement, on attribua au général le simple commandement du groupe d’armées de l’Est et on lui demanda de partir en mission en Russie, pour y étudier, de concert avec nos alliés, les plans d’opérations de la prochaine campagne. Soldat, austèrement asservi à la plus stricte discipline, indifférent à tout ce qui n’était pas le service du pays, il accepta. Et le 18 janvier 1917, il partait pour Calais.


EN RUSSIE

A la mission française, composée de M. Doumergue et de trois agents diplomatiques, du général de Castelnau et de quatre officiers, devaient se joindre, en Angleterre, une mission italienne et une mission anglaise, à la tête de laquelle était lord Milner, assisté de l’excellent et énergique général Wilson. A Londres, le général de Castelnau se fait documenter à fond sur les affaires russes par le colonel Rampont, qui rentre de Russie. Le 20, les trois missions s’embarquent, dans un port écossais, sur un croiseur auxiliaire anglais qui doit, en évitant les sous-marins, les conduire jusqu’à Kola.

Après une traversée et un voyage fort pittoresques, les missions alliées sont à Kola le 25, et le 29 à Pétrograd. Là elles retrouvent nombre d’officiers alliés en mission auprès des Russes et des Roumains, entre autres le général Janin, qui représente le Grand-Quartier général français au Grand-Quartier général russe, et qui a su prendre sur le tsar un très heureux ascendant : il met le général de Castelnau au courant de l’exacte situation de la Russie et de l’armée russe et lui fournit, sur tous les milieux où il doit pénétrer, les plus précieuses indications.

Présentées à l’Empereur le 31 janvier, à Tsarkoïé Sélo, les missions civiles et militaires commencent aussitôt leurs travaux. Le général Gourko expose l’état de l’armée russe, ses ressources et ses besoins ; elle a mobilisé 14 millions d’hommes ; 7 millions et demi sont sous les armes, 2 millions et demi sont