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2e et la 10e armées françaises. La Garde prussienne entre en scène le 3 octobre ; son avance semble irrésistible. Le 6, l’ennemi s’empare d’Hébuterne : la situation est grave. Mais l’héroïque résistance de la 8e division de cavalerie, que commande Baratier, arrête la poussée adverse et donne aux renforts le temps d’accourir : Monchy est conservé ; Hébuterne est repris. La Garde a perdu tant de sang, qu’elle sera désormais incapable de reprendre la lutte. Si, le 9, l’Allemand réussit à s’emparer de Monchy, il n’en pourra pas déboucher. Au Nord, comme au Sud, son effort offensif est définitivement brisé : le vainqueur du Grand-Couronné lui a infligé un nouvel et sanglant échec.

Il ne s’en est pas tenu là. Tandis que les Allemands, à partir du 10 octobre, cessent toute attaque sur le front de la 2e armée, pour remplir la mission qui lui est assignée de maintenir devant lui des forces supérieures aux siennes, il prépare avec sa conscience coutumière et il exécute plusieurs opérations offensives partielles qui tiennent l’ennemi constamment en haleine et le soumettent à une fructueuse usure. C’est, les 29 et 30 octobre, la brillante affaire du Quesnoy, qui coûte à l’adversaire 3 000 tués, 10 000 hommes hors de combat, alors que nos pertes ne sont que de 200 morts et 1 200 blessés. « C’est déjà trop, écrit à ce sujet le général, mais, hélas ! la guerre, l’horrible guerre a de ces tristes nécessités. » C’est, le 24 décembre, l’attaque, moins complètement heureuse, utile pourtant, et glorieuse, de la Boisselle. Sous la direction d’un chef qu’elle aime et qu’elle vénère, la 2e armée est devenue un admirable instrument de guerre


LES DÉBUTS DE LA GUERRE DE TRANCHÉES

Cependant l’hiver était venu, et, sur un front désormais cristallisé, il avait fallu se retrancher, dans l’attente de jours meilleurs. D’abord à contre-cœur, puis avec résignation, et enfin avec entrain, avec cette étonnante facilité d’adaptation qui est la sienne, le soldat français s’était fait terrassier. Le général de Castelnau, qui avait prévu cette fatale évolution de la guerre, mit tous ses soins à ce que ses troupes eussent, dans leurs organisations défensives, le maximum de confort et de sécurité que comporte la vie en campagne. Il était à l’affût