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Le 18 septembre, la 2e armée recevait l’ordre de partir pour la région d’Aumale. Le 19, le général de Castelnau, toutes ses dispositions prises, partait à son tour, passait au grand quartier général à Chatillon-sur-Seine, et s’installait le 20 à Clermont, avec son Etat-major, tandis que le 14e corps commençait à débarquer, et que le 4e corps, dans la région de Compiègne, était en marche vers l’Ouest. Refoulant devant lui la cavalerie de Marwitz, le 4e corps amorce une manœuvre débordante qui est enrayée, le 25, par les violentes attaques des XXI e et XVIIIe corps prussiens dans la région de Nesles. De part et d’autre, des corps nouveaux entrent dans la bataille, qui se prolonge jusqu’à la Somme : à la fin de la journée du 26, l’armée française a maintenu partout son front, et son aile gauche progresse. Mais l’armée bavaroise est entrée en ligne : le 28, le prince Ruprecht qui, à tout prix, veut obtenir un succès décisif, livre aux troupes françaises de furieux assauts, qui, tous, viennent se briser contre la résistance acharnée du 20e corps. Le 29, un nouvel essai d’enveloppement de notre part se heurte à une division wurtembergeoise, au débouché de l’Ancre. Des deux côtés, la manœuvre tentée a échoué : il faut en modifier, sinon l’objet, tout au moins la méthode.

Et c’est, à partir du 30, ce que les deux partis adverses vont faire simultanément. « Au lieu d’engager les grandes unités côte à côte, au fur et à mesure de leur arrivée sur le champ de bataille, ils vont essayer de réaliser l’enveloppement à plus grande envergure. » Du côté français, une fraction d’armée va se constituer qui, s’élevant franchement vers le Nord, va prendre pour direction de marche Arras. Désormais la manœuvre d’aile sort des attributions de la 2e armée, qui sera dès lors réduite à des combats de front.

Combats très durs, très violents, car l’ennemi a sur nous la supériorité écrasante du nombre et du matériel, et il fait un prodigieux effort pour percer nos lignes. Du 4 au 7 octobre, dans la région de Roye, il multiplie ses attaques, et il gagne du terrain ; mais on le lui fait si chèrement payer, les dispositions prises par Castelnau sont si heureuses, la résistance de nos troupes, du 4e corps en particulier, si efficace, que le 27, l’Allemand s’arrête épuisé, devant notre dernière ligne de résistance (Rouvroy-Bouchoir-Erches). En même temps, plus au Nord, il a monté une puissante offensive pour séparer l’une de l’autre la