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L’ÉTAT ACTUEL DES ESPRITS
AUX ÉTATS-UNIS
CONFÉRENCE PRONONCÉE A LA COUR DE CASSATION
LE 18 JUILLET 1921

Le docteur Nicholas Murray Butler, président de l’Université Columbia, est actuellement en France où il est venu, au nom de l’Académie des Lettres et Arts de New York, inviter l’Académie française aux fêtes du tricentenaire de Molière, et, au nom de la fondation Carnegie, poser la première pierre de la bibliothèque municipale de Reims. Il a bien voulu réservera la Revue le texte de cette conférence qu’il a donnée sous les auspices du Comité national d’Etudes.


Ce n’est pas une tâche aisée de parler, devant des étrangers, de l’opinion de son pays. Les critiques ou les conseils, qui seraient à leur place en famille, deviendraient déplacés dans un autre milieu. C’est pourquoi il m’est difficile de répondre comme je le voudrais à l’invitation si flatteuse que vous me faites de prendre la parole parmi vous. Je le ferai pourtant avec joie et sans arrière-pensée : je suis un étranger, mais vous êtes des amis.


D’où vient l’intérêt que le monde porte aujourd’hui à ce que pense l’Amérique ? La raison, je crois, en est double. C’est d’abord que les Etats-Unis sont en train de faire l’expérience de la démocratie sur une échelle immense et dans des conditions entièrement nouvelles. Nous connaissons depuis l’enfance des exemples de démocraties : ceux que nous offrent les Cités de la Grèce ancienne et les Communes du Moyen Age. Mais ces