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REVUE LITTÉRAIRE

UN NOUVEAU PORTRAIT DE MME DE SÉVIGNÉ [1]

M. André Hallays avait déjà rencontré Mme de Sévigné plus d’une fois, à Paris et, non loin de Paris, à Livry, en Bretagne, en Provence, du temps qu’il aimait à « flâner. » Mais il faut savoir ce que sont les flâneries de M. André Hallays.

Il s’intitule « un touriste qui chérit la lumière, les paysages, les monuments et les reliques de la France. » Eh ! la France n’est pas morte, pour qu’on nous parle de ses reliques ? Cependant, il y a toute une ancienne France réduite à l’étal de reliques par l’injure des siècles, par le méfait d’énergumènes ou de nigauds, démolisseurs les uns, restaurateurs les autres, et par le frivole oubli. Contre les siècles, on pourrait lutter ; ils sont les plus forts et pourtant on réussirait à retarder leurs dégâts, si l’on y mettait un peu de soin. Contre les démolisseurs et, leurs émules, les restaurateurs, M. Hallays a mené de rudes combats. Et contre l’oubli ? toute son œuvre est destinée par lui à réveiller, dans les esprits, la curiosité, dans les cœurs, l’amitié que mérite l’ancienne France.

Frédéric et Rosanette, dans L’Education sentimentale, visitent le palais de Fontainebleau. Frédéric essaye de rendre cette bonne fille un peu attentive à un portrait de Diane de Poitiers. Elle ne sait pas à merveille de quoi il retourne ; et Frédéric ne l’informe pas beaucoup, en lui disant que voilà une maîtresse d’Henri II. Mais elle regarde autour d’elle et, avec « une intention de respect, » murmure :

  1. Madame de Sévigné, cours professé à la Société des Conférences, par M. André Hallays (librairie Perrin). — Du même auteur, chez le même éditeur, « En flânant », — Autour de Paris, Provence, Paris, de Bretagne en Saintonge.