Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 64.djvu/682

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

architectes et par des ouvriers indigènes, sont remarquables par la diversité des plans, l’élégance des proportions, la richesse de l’ornementation, la finesse des détails. On en peut dire autant de tout ce qui concerne l’ameublement, le vêtement et la parure. On trouvait naguère dans tous les pays musulmans d’innombrables artisans qui étaient de délicats artistes, et il existe encore en Perse, en Asie Mineure, en Syrie, en Egypte, au Maroc, quelques ouvriers d’art qui ont gardé, en même temps que les procédés traditionnels de leur métier, assez de goût et d’invention pour exécuter autre chose que des articles de bazar. Mais l’influence des modes européennes, l’engouement pour les bibelots importés et pour les antiquités les privent de travail. Eux-mêmes croient faire merveille en imitant gauchement la camelote européenne que recherchent les indigènes. Enfin leurs ouvrages ont perdu leur caractère depuis qu’ils sont fabriqués avec des matières premières manufacturées. Encore un peu de temps, on peut le craindre, et ils disparaîtront comme ont disparu les poètes, les conteurs et les philosophes.

Il est très difficile de remonter ce courant. Tout au moins les gouvernements et les administrations locales devraient-ils faire en sorte que les monuments officiels soient toujours construits, décorés, et, autant que possible, meublés dans le style qui fut déterminé par l’interdiction contenue dans le Coran, de reproduire les êtres animés et par la vie sociale menée à la grande époque dans les pays musulmans et qui est encore maintenant celui qui convient à leur climat et s’harmonise le mieux avec l’aspect de leurs localités. L’organisation de l’apprentissage, la réorganisation des corporations de métiers longtemps florissantes et dont les cadres subsistent encore, le développement des écoles professionnelles et des ateliers modèles qui fonctionnent déjà avec succès en Algérie, en Tunisie et en Egypte, auraient pour résultat de maintenir ou de reconstituer la classe des artisans et de faciliter la renaissance des arts plastiques.


VII. — CONCLUSION

On le voit, l’évolution si rapide, la transformation profonde que nous avons décrites n’ont point produit un bien sans