d’entre eux sont de très importants organes comparables aux grands périodiques européens [1]. A un degré inférieur, le cinématographe, qui déroule ses films dans les régions les plus reculées, joue le même rôle.
Changement bien plus important : le contact et l’exemple de l’Europe ont suggéré aux Orientaux les idées de l’Etat et de la patrie territoriale, qui sont l’âme des sociétés occidentales et que la société islamique est restée longtemps sans avoir conçues, tout au moins nettement. Sous la pression et à l’imitation des Puissances, le droit public que nous avons résumé dans les pages précédentes n’a cessé d’évoluer vers les idées occidentales.
Ce droit public avait pour principe fondamental la séparation, au point de vue administratif et juridique, des croyants et des infidèles soumis au même souverain musulman. Ces derniers vivaient sous l’autorité de leurs chefs religieux, en suivant leurs propres lois ; ils étaient astreints au paiement de deux impôts spéciaux : la capitation et le tribut foncier ; la forme et la couleur de leurs vêtements, l’extérieur de leurs maisons, leur attitude en présence des musulmans étaient réglementés de façon à les maintenir dans une situation inférieure et subordonnée.
Le rescrit (Hatti Chérif) lu à Constantinople le 3 novembre 1839, dans un appareil imposant, du haut du kiosque de Gulkhané en présence du Sultan qu’entourait le corps diplomatique, les hauts dignitaires, les ulema et une députation des communautés chrétiennes et israélites, fit une première brèche à ces principes en attribuant aux infidèles les mêmes droits qu’aux musulmans « quant à leur vie, à leur honneur, et à leur fortune. » Ses dispositions furent développées et renforcées parle Hatti-Humayoum du 18 février 1856, par les lois qui en firent application et surtout par la constitution ottomane du 23 décembre 1876 et les lois organiques égyptiennes de 1883 et 1913, d’où résulte égalité complète de droits et d’obligations pour tous sans distinction de religion.
- ↑ On trouvera un tableau de la presse musulmane dans Montet : L’état présent et l’avenir de l’Islam, pp. 135-137, et dans Zwemer : The desintegration of Islam, pp. 134-160. Le premier de ces auteurs donne un total de mille journaux et périodiques musulmans, chiffre qui nous paraît inférieur à la réalité. Voir aussi Huart, Histoire de la littérature arabe.