d’Angora a eu pour premier résultat l’évacuation amiable ou forcée de territoires occupés en Asie-Mineure par les troupes françaises ou grecques. Suivant toute vraisemblance, la Turquie gardera une bonne partie de ce qui lui a été enlevé.
Il y a de sérieuses raisons de croire que le mouvement nationaliste ne restera pas confiné en Perse, en Turquie et en Egypte.
La guerre n’a pas changé que la face du monde, elle a remué les cœurs, mis les esprits en fermentation et rendu conscients des sentiments jusque-là obscurément éprouvés.
Depuis vingt ou trente ans, la mentalité des musulmans s’est transformée à vue d’œil. Le courant de la civilisation occidentale par lequel ils sont de plus en plus rapidement entraînés, les a imbus d’aspirations nouvelles. Cette terrible épreuve a révélé chez les mahométans sujets français un loyalisme dont ils ignoraient eux-mêmes la force. On sait quels ont été leur dévouement et leur courage. La majeure partie des troupes anglaises et françaises qui ont mis, — avec quelle intrépidité, — l’armée turque et celle de l’émir Feyçal en déroute, se composaient de musulmans hindous ou africains.
La loi du 4 février 1919, qui, entre autres concessions, attribue à de nombreuses catégories de musulmans algériens le droit de réclamer la qualité de citoyen, a été un premier gage de notre reconnaissance.
L’idée nationale, longtemps obscurcie par celle de la communauté islamique, s’est manifestée en Egypte, dans l’Indoustan et l’Afghanistan où elle a provoqué des troubles graves. Les meneurs de ce mouvement revendiquent pour leur pays, les uns l’indépendance complète, les autres une autonomie assurée par des institutions représentatives. Ce qu’il offre de plus remarquable c’est qu’aucune tendance religieuse ne s’y est mêlée et que les chefs de toutes les communautés religieuses non islamiques y ont participé en union étroite avec les musulmans. En Egypte, on a vu des prêtres prêcher dans les mosquées sur le patriotisme, des cheikhs, traiter le même sujet du haut de la chaire d’une église, et les fidèles de tous les cultes prononcer le même jour, à la même heure, la même prière pour demander la libération de leur pays. De telles manifestations auraient été naguère inconcevables. Elles semblent maintenant, toutes