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L’ISLAM ET SON AVENIR


I. — L’ISLAM ET L’APRÈS-GUERRE

Au moment où la Grande Guerre a éclaté, les trois quarts des musulmans vivaient sous la domination ou sous la protection de la Grande-Bretagne, de la France, de la Hollande, de la Russie, de l’Italie et de la Grèce. L’un des résultats, et non le moindre, de la victoire des Alliés, fut d’étendre cette mainmise aux pays islamiques qui jouissaient encore d’une souveraineté d’ailleurs affaiblie par le contrôle ou l’ingérence des Puissances européennes ou de certaines d’entre elles.

Les traités de Paris et de Sèvres ont reconnu le protectorat proclamé le 18 décembre 1914 par la Grande-Bretagne sur l’Egypte, et le second de ces traités a resserré dans des frontières exiguës le territoire ottoman sur lequel le sultan de Constantinople ne devait exercer qu’un pouvoir parcimonieusement mesuré et surveillé de près. Un an auparavant, l’accord anglo-persan du 9 avril 1919 avait remis à l’Angleterre l’armée et les finances de la Perse. A cette époque, on pouvait dire que la totalité des peuples organisés conformément aux règles du droit islamique ne pourraient désormais les suivre que dans la mesure fixée par les États occidentaux auxquels ils étaient assujettis. Cette conquête du monde musulman sera-t-elle durable ? On peut se le demander. Le gouvernement britannique s’est déclaré prêt à renoncer, sous certaines conditions, à son protectorat de si récente origine sur l’Egypte, la Perse a dénoncé la convention de 1919, le traité de Sèvres attend encore la ratification des Puissances alliées, et l’on prévoit qu’il recevra d’importants amendements. Déjà la lutte soutenue par le gouvernement