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cible se présentera fort mal, — en pointe, — pour un engin qui en définitive, ne prétend pas à la même justesse que les obus tirés de près, il est à peu près certain qu’elles glisseront sans exploser sur des « œuvres vives » (carène plongée) dont les formes seront aussi effilées, aussi effacées que celles des œuvres mortes.

S’agit-il, au contraire, des projectiles ? J’ai eu déjà l’occasion d’observer qu’eux aussi, ces obus ricocheront, s’ils ne glissent pas, sur la carapace épaisse, qui se présentera sous l’angle le plus défavorable à leur action. Je vais plus loin : j’admets que l’explosion se produise. On sait par des expériences concluantes que, dans de telles conditions, les effets ne peuvent en être désastreux. Pour qu’il en fût ainsi, il faudrait que le projectile eût pénétré, au préalable. Le pis que l’on puisse craindre, c’est que les plaques de la carapace soient enfoncées ou profondément déliées au point d’impact et dans ses environs. Évidemment, c’est une avarie sérieuse, d’autant que des éclats peuvent atteindre, par exemple, le poste de commandement, si bien protégé qu’on le suppose, ou la batterie des canons moyens, ou encore une partie quelconque de l’organisme du gros obusier, — si, décidément, on jugeait avantageux qu’il y en eût un. Mais qui a jamais pu créer un engin de guerre absolument invulnérable et prétendre sérieusement qu’on puisse se battre sans courir de risques ?…

Ce que j’ai dit de la finesse, du « fuyant » des formes du bâtiment proposé peut faire craindre que l’habitabilité y soit médiocre, alors que j’avais justement posé en principe que cette faculté ne devait pas être négligée. Il faut s’entendre. L’unité en question n’est évidemment pas de celles dont l’amiral Krantz pouvait dire : « c’est un beau logement d’amiral et rien de plus… » Mais il est certain aussi que dans la maîtresse partie d’un bâtiment de 13 000 à 15 000 tonnes, de 30m de large et de 10m de creux, on trouvera toujours l’espace suffisant pour loger d’une manière décente un officier général et pour donner à son État-major, réduit à quatre officiers au plus, les commodités de travail dont je parlais plus haut.

C’est à l’emploi des moteurs à combustion interne que l’on devra cet avantage, bien que, — disons-le pour en finir avec notre description, — on doive admettre, pour le moment, une certaine multiplicité de ces moteurs, actionnant chacun une