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combat ne le sera guère moins. Mais, depuis un quart de siècle, on a réalisé de grands progrès dans les aciers qui, pour la même résistance, ont vu sensiblement diminuer leur poids.

Il en résulte que nous pourrions probablement descendre, pour le poids général de la coque du navire considéré jusqu’à 35 pour 100, ce qui nous procurerait à peu près 350 tonnes et rapprocherait le pourcentage d’ensemble de l’armement offensif des 10 pour 100 du déplacement total qu’on lui attribue sur les plus grandes unités.

Une objection, toutefois, se présente à l’esprit : l’éperon horizontal ne laissera pas d’être lourd. Sur quel chapitre de nos dépenses de poids ferons-nous figurer celui-ci ? Coque, ou armement ? En ce qui touche la coque, cela parait difficile, en raison de la réduction de pourcentage que nous venons de lui faire subir. En ce qui touche l’armement, ce serait regrettable ; il faudrait probablement sacrifier le gros obusier.

Heureusement, nous ne sommes pas à bout de ressources. Notre devis-type admettait 7 pour 100 du déplacement total pour l’équipage, les vivres, les approvisionnements de toute espèce. Or, l’équipage du croiseur du large d’il y a vingt-cinq ans était fort nombreux. Outre que le personnel mécanicien et chauffeur, indispensable avec les anciennes machines, y figurait avec un fâcheux avantage numérique, on devait prévoir des équipes complémentaires pour l’armement des prises. Il n’en est plus de même en ce moment, où l’on se bornerait à remplacer le capitaine et un ou deux officiers de pont du « cargo » ou du paquebot capturé, par des officiers embarqués en surnombre sur notre unité nouvelle, — qui ne procédera à la chasse des « marchands » ennemis que très exceptionnellement [1]. Et en fin de compte, on bénéficiera toujours de la diminution considérable d’effectif technique qui résulte de la substitution du moteur, — ou des moteurs, — à combustion interne, aux anciennes machines à vapeur, qui exigeaient quantité de chauffeurs.

  1. J’effleure ici une question des plus intéressantes, celle du traitement qu’il conviendra de faire subir, désormais, aux navires de commerce dont on se sera emparé. Personne ne soutiendra que l’on puisse conduire la guerre « commerciale » (appellation défectueuse, en soi, mais commode), comme l’ont fait les Allemands. Mais, d’autre part, il faut convenir que les anciennes règles du droit maritime international, s’inspirant surtout des intérêts d’une grande Puissance maritime et commerçante, faisaient trop bon marché des droits de l’ordre militaire des capteurs.