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plus savants compartimentages, — que nous appliquerons, du reste, à notre unité. Mais il n’en est pas moins vrai que celle-ci bénéficiera, par comparaison avec les très grands cuirassés, d’une forte immunité relative résultant de la faiblesse, — relative aussi, — de ses dimensions, de son tirant d’eau, de son déplacement.

Il est clair qu’un bâtiment de 12 à 13 000 tonnes, long de 110 à 120 mètres, large de 25 ou 30, profond de 10 mètres, dont 5 m,50, seulement, de tirant d’eau moyen, est beaucoup moins exposé aux coups des armes sous-marines qu’un autre ayant les caractéristiques suivantes : longueur : 210 mètres ; largeur : 32 mètres ; tirant d’eau : 9 m, 50 ; déplacement : 33 000 tonnes [1].

La « grandeur » a des avantages, c’est certain. Elle a aussi de graves inconvénients, auxquels il faut toujours revenir quand il s’agit du rôle des bâtiments de guerre de fort déplacement dans les opérations actives. Quoi qu’on en ait pu dire pour expliquer l’attitude de ceux-ci pendant presque toute la durée du dernier conflit, il faut bien constater que leur grandeur, justement, les a trop souvent retenus au rivage. Une activité beaucoup plus grande aurait certainement exercé une influence sensible sur la durée de la guerre.


Voyons maintenant l’armement offensif, dont nous majorerons le poids, — par rapport à celui de l’armement offensif dans notre devis de croiseur de surface, qui est de 2 pour 100 du déplacement total, — des 4 pour 100 qui nous restent sur l’économie de 9 pour 100 réalisée par l’emploi du combustible liquide. Nous disposerons ainsi de 6 pour 100, soit 750 tonnes environ.

Que peut-on donner à notre unité de combat, en artillerie et en torpilles, avec ces 750 tonnes ?

Certainement une « batterie » de 20 tubes — 16 sur les lianes, 2 à l’avant, 2 à l’arrière — et une autre, d’un nombre presque égal de canons de 100 millimètres, environ, pour la défense contre les « destroyers » , torpilleurs, avisos, sous-marins, etc. [2]. Mais pourrait-on pousser plus loin et attribuer

  1. Caractéristique du croiseur de bataille Hood (marine britannique).
  2. Si l’on jugeait à propos de donner à notre navire le moyen de se défendre, en surface, contre les « croiseurs légers, » il faudrait — en réduisant le nombre total des bouches à feu — lui donner quelques pièces de 14 centimètres, peut-être de 16 centimètres.