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un maximum qui ne sera peut-être pas, probablement pas atteint. 12 000, 13 000 tonnes suffiront sans doute.

Mais cette question de déplacement nous ramène à la première des conditions énumérées ci-dessus : une suffisante autonomie pour le cas d’opérations au grand large.

Au temps où le charbon avait le monopole de ce que j’appellerai « la fourniture de l’énergie, » au temps où cette énergie était mise en œuvre par un type d’appareil moteur qui apparaît, aujourd’hui déjà, comme bien barbare, la machine à vapeur, chaudières comprises, cette condition de la pleine efficacité du navire de guerre et de son complet rendement était peut-être celle qui donnait à l’ingénieur le plus de soucis. On en tombera d’accord si l’on se rappelle que, dans le devis général des poids d’un croiseur de 12 500 tonnes [1], environ, il fallait attribuer au combustible et aux appareils mécaniques « moteur et auxiliaires) 6 000 tonnes, au moins, soit près de 50 pour 100 du déplacement, alors que la coque n’en absorbait que 4 700 (38 pour 100) et l’armement offensif et défensif, 625 (5 pour 100).

La substitution du combustible liquide au combustible solide et celle des moteurs à combustion interne aux moteurs à vapeur changent fort heureusement et dans de singulières proportions les données du problème à résoudre pour doter d’un armement convenable et d’une carène très compartimentée, — — sans parler d’une carapace dont nous parlerons tout à l’heure, — notre nouveau type d’unité de combat. Et il serait certainement possible de réduire de moitié l’énorme « pourcentage » de 50 pour 100 indiqué tout à l’heure si nous n’avions pas admis a priori, et comme principe essentiel, que ce bâtiment serait, au besoin, un sous-marin.

Pourquoi donc ? ..

Parce que, pour naviguer en plongée, il sera contraint de faire appel à un moteur spécial, ne produisant pas de chaleur et n’exigeant pas d’évacuation. Ce moteur est toujours, — ou presque, toujours, — jusqu’ici, celui qui emprunte son énergie à la décharge des accumulateurs de l’électricité, chargés, pendant la navigation en surface, au moyen d’une

  1. J’avais déjà étudié cette question dans ce recueil même, il y a un peu plus de 25 ans. Il n’était question alors, bien entendu, que de croiseurs de surface (voir la Revue de juin 1895 : « Croiseurs et éclaireurs »). Cet article est reproduit dans les « Études sur la marine de guerre » éditées en 1898 par Berger-Levrault.