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l’endurance ; capable d’agir au loin, s’il le faut, encore que les mers d’Europe soient ses ordinaires théâtres d’opérations ; suffisamment protégé et armé pour jouer le rôle de chef, — donc, éventuellement, de défenseur, — d’une fraction, au moins, de la flottille, mais dans les limites qu’imposent les exigences de l’autonomie et de la vitesse, grandes mangeuses de tonnage, si je puis m’exprimer ainsi ; dans les limites, aussi, qui résultent de la faculté de plonger que nous assurerons à notre nouvelle unité de combat ; capable, d’ailleurs, de vives allures en surface, la vitesse en plongée ou demi-plongée dépassant un peu celle que l’on attribue d’ordinaire aux sous-marins ; susceptible, en outre, par son habitabilité, par ses dispositions intérieures et extérieures, de fournir à un Etat-major général toutes les facilités indispensables à l’exercice de ses difficiles fonctions.

Enfin nous n’oublierons pas, — et il convient d’insister sur ce point, — qu’à cette grande flottille ou « flotte moderne » , à qui la soudaineté dans ses attaques fournira ses meilleures chances de succès, il faut donner des chefs de file, des guides, qui, malgré leurs dimensions, puissent toujours être rangés au nombre des « engins de surprise. » Et cela suppose tout de suite des formes spéciales, des facultés particulières, en tout cas, revenons-y, celle de se dissimuler en plongeant sous l’eau, si besoin est.

« Hé quoi, dira-t-on, — car ce sera sans doute la première objection, — un sous-marin de 15 000 tonnes ! Est-ce possible ?... »

C’est parfaitement possible. Avant la guerre, déjà, des ingénieurs étrangers d’une haute valeur technique avaient proposé des unités de plongée de 6 000 tonnes au moins.

En 1917, un de nos officiers du génie maritime, depuis longtemps spécialisé dans la construction des sous-marins, se faisait fort de nous donner le « cargo » sous-marin de 8 000 à 10 000 tonnes que l’intensité de l’action des unités de plongée allemandes faisait vivement désirer, au moins pour le transport de matières spéciales, de métaux rares, d’objets confectionnés précieux pour les opérations de guerre qu’il y avait grand intérêt à soustraire à la destruction. Depuis, tous les techniciens reconnaissent que l’on ne voit guère de limites au tonnage des bâtiments à qui l’on prétend conférer l’avantage éventuel de l’invisibilité.

Je répète, au surplus, que les 15 000 tonnes proposées constituent