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de la question, il reste pourtant quelque chose dont il faut tenir compte, dans la théorie de la nécessité d’un « gros. » Réduisons d’ailleurs ce « gros » à sa plus simple expression et examinons s’il ne conviendrait pas de donner au chef, — à tout le moins, — d’une grande réunion de bâtiments légers de surface et de plongée, appuyés d’appareils aériens, un navire d’assez fort tonnage.

Dans les flottes actuelles, les officiers généraux, commandants en chef ou en sous-ordre, sont embarqués, — « ont leur pavillon, » — sur des cuirassés d’escadre ou des croiseurs cuirassés, toutes unités munies des meilleures armes offensives et défensives, et présentant, en outre, des commodités d’installation et de logement qu’il serait absurde de refuser, — comme certains échauffés le proposent, — à des hommes qui ne sauraient être de la première jeunesse, mais surtout qui ont un Etat-major, beaucoup de cartes de grandes dimensions, de nombreux et indispensables documents, des archives, des appareils et instruments spéciaux.

A la vérité, les capitaines de vaisseau chefs de division, placés à la tête de groupes d’unités légères, n’arborent pas leur » marque distinctive » autre part que sur l’une de ces unités. Ils ne descendent pas, toutefois, au-dessous du croiseur léger. Or, le croiseur léger, — l’expression est anglaise et allemande, — ne déplace pas moins de 5000 ou 5 500 tonnes. C’est donc un bâtiment de dimensions un peu supérieures à celles de nos anciens croiseurs cuirassés du type « Chanzy » et où il est encore possible d’organiser, en faveur du chef de groupe, un suffisant « confort militaire » .

Eh bien ! j’estime qu’il est tout à fait désirable que le commandant en chef et même les chefs de groupe de la « flotte moderne, » — on me pardonnera d’employer ce qualificatif de moderne : il ne s’agit pas tant « d’anticiper » que d’abréger le discours, — puissent disposer, eux aussi, de bâtiments d’un tonnage très supérieur à celui des « destroyers, » des grands sous-marins et même des petits croiseurs de surface qui composeront la force navale placée sous leur autorité.

Supposons que la flotte en question « je consens d’ailleurs fort bien qu’on l’appelle flottille ; ce sera, en tout cas, une très grande flottille) soit partagée en quatre groupes, un de petits croiseurs, un de grands sous-marins, deux de destroyers