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exigences de notre situation, qu’à entreprendre résolument et sans tarder ces études, ces recherches, ces expériences dont je viens de parler et dont on peut attendre qu’elles nous donneraient bientôt les plus précieuses indications sur le judicieux emploi de nos trop minces ressources.

Il semble donc qu’il y ait lieu de faire appel aux cerveaux inventifs et l’on parait être entré dans cette voie, à la rue Royale, puisqu’on y a récemment créé un « service de recherches scientifiques. » Idée excellente, assurément.


Estimera-t-on trop téméraire que, dans de telles circonstances, je me hasarde à reproduire ici les lignes essentielles d’un projet de bâtiment, que j’avais tracées un peu avant la dernière guerre et qui ne me paraissent pas, aujourd’hui encore, s’écarter trop des idées générales, aussi bien que des constatations exposées tout à l’heure ?

J’espère que non. D’ailleurs une conception médiocre peut en faire naître de meilleures. Le faux, même, ne peut-il pas exciter les esprits à la découverte du vrai et ne savons-nous pas que l’hypothèse est indispensable au progrès de la science ?

Je dois dire tout d’abord que si je n’ai jamais accepté la doctrine de l’absolue nécessité des très grandes « unités de combat, » si je pense que cette prétendue nécessité n’est fondée, en fait, que sur un postulatum et qu’il n’est pas démontrable a priori que, dans une bataille navale les gros l’emportent nécessairement sur les petits, — pourvu que ceux-ci soient en nombre suffisant, — je reste cependant sensible à deux arguments qui militent en faveur de ce que j’appellerai le bateau de déplacement moyen, mais, là encore, à une condition, qui est que ce bateau ne soit pas tout simplement la réduction du « dreadnought. »

Le premier de ces deux arguments m’est fourni par le souvenir d’une fort belle opération de la dernière guerre, la plus remarquable de beaucoup, — du point de vue de la stratégie, sinon de la tactique, — de toutes celles qui ont été entreprises de 1914 à 1918 : la destruction, aux Falkland, le 8 décembre 1914, de l’escadre de croiseurs de l’amiral von Spee par la force navale anglaise commandée par l’amiral Sturdee.

Je rappelle sommairement les faits.

Le 1er novembre, von Spee a détruit, au large de Coronel