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UN TYPE NOUVEAU D’UNITÉ DE COMBAT

Construirons-nous des dreadnoughts ? Il ne le semble pas. Ce n’est point que l’idée n’en soit énergiquement soutenue, en public, par certains écrivains maritimes, dans le privé par un assez bon nombre d’officiers haut gradés. Il semble que l’on entende, à quatre-vingts ans de distance, les respectables tenants de la marine à voiles, célébrer la puissance et la beauté du « trois-ponts, » célébrer aussi son endurance et son autonomie, puisque, n’empruntant qu’au vent la force motrice qui lui était nécessaire, il n’avait pas besoin de charbon comme son nouveau rival, le bateau à vapeur, et eût fort bien fait le tour du monde sans relâcher, si son poids de boulets eût été représenté par des approvisionnements en vivres, farine et biscuits, lard et « endaubage. »

Cette autonomie, d’ailleurs, précieuse faculté d’aller et devenir longtemps sans rien demander à personne, le grand cuirassé l’invoque aujourd’hui à son actif et s’en targue vis-à-vis des petits bâtiments. Et il a presque raison. Son rayon d’action dépasse encore celui de ses adversaires : cela ne durera peut-être pas beaucoup, il est vrai. Quant à son endurance à l’égard de la grosse mer et des vents violents, nul doute qu’à cet égard il ne soit supérieur et ne doive l’être longtemps aux petites unités de surface [1]. Ne parlons pas des unités de plongée qui, elles, n’ont qu’à s’enfoncer pour se rire des flots irrités. Il est vrai qu’alors elles font peu de route, tout en consommant beaucoup de leur force motrice.

Mais il y a les appareils aériens ; et ici nous entrons, non

  1. Jusqu’au moment, sans doute, où on aura suffisamment étudié la question de répartition des poids à bord du petit bâtiment, question d’une capitale importance, quand il s’agit de l’endurance en mer agitée.