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LA VISITEUSE


Comme nous écoutions ton pas vif et léger !
La lumière du ciel dansait dans tes prunelles ;
En quel être de gloire aux pitiés fraternelles,
Dieu te transforma-t-il, doux rayon passager ?

Maintenant que la nuit tombe, j’aime à songer
Que tes yeux sont baignés des clartés éternelles,
Et que tes pieds si prompts sont devenus des ailes.
Dès ici-bas tu fus un divin messager.

Tu reviens parmi nous et tu métamorphoses
En sourires les pleurs, les épines en roses
Avec ton beau regard et tes chants d’autrefois.

Gaiement tu donnais tout. Sans que beaucoup tu changes
Généreux cœur, charmant visage, tendre voix,
De toi l’amour céleste a fait la sœur des anges.


O MES YEUX !


La lumière a jailli des brumes en lambeaux ;
Un chant a résonné, Marseillaise inouïe ;
Une fleur de clarté frissonne épanouie
Sur les champs dévastés, parsemés de tombeaux.

Vous cherchez vainement les regards fiers et beaux
Qui se miraient en vous ; leur flamme évanouie
Dans le sépulcre étroit ne fut pas enfouie,
Mais rayonne au milieu des célestes flambeaux.

Contemplez Metz française et Strasbourg sans entrave :
Que cette vision de gloire en vous se grave,
Vous que pendant longtemps les larmes ont noyés.

Ne vous attardez point dans l’ombre sépulcrale,
Ne plaignez pas vos pleurs, ô mes yeux qui voyez
Notre drapeau flotter sur notre cathédrale !


VEGA.