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Ne cherche pas tes disparus sous le gazon ;
Ne ferme pas ta porte aux célestes convives
Qui t’entrainent sans bruit vers un autre horizon ;

Ils veulent qu’auprès d’eux, avec eux, tu revives ;
Contemple dans ton cœur les visages aimés :
L’infini se reflète au sein des sources vives,

Le ciel est dans les yeux que nous avons fermés.


NUITS ÉTOILÉES


J’ai connu le frisson de ces nuits où poudroie
Un innombrable essaim de lumières aux cieux
Quand, au pâle zénith, ton lait mystérieux
Ruisselle, inaccessible et nébuleuse voie.

L’enfant oublie alors son instinctive joie,
Et les amants leurs entretiens délicieux
Devant le Chariot qui tourne sans essieux,
Et l’Orion d’azur dont le glaive flamboie.

Mais depuis qu’à jamais mon bonheur s’envola
Et que, les yeux levés, je songe qu’il est là,
J’ai perdu la terreur de vos profonds abimes ;

Je sais que votre immense Océan mène au port ;
Je puis vous contempler sans peur, astres sublimes ;
Mes regards ont sondé l’infini de la mort.


HEURES FUGITIVES

 (TANNKAS)



i


La mer avec le ciel joue ;
Ils échangent leurs couleurs.. ?
Le vent qui secoue
Les rosiers en fleurs,
Met des roses sur ta joue.