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grande confusion ; mais, dès qu’elle fut terminée, tout rentra dans l’ordre, et la discipline reprit son empire.

Le 14 octobre, dans l’après-midi, vers la fin de la journée la vigie cria terre. On crut découvrir Sainte-Hélène. On resta en panne une partie de la nuit.

Le 15, de bonne heure, nous pûmes voir l’île et ses contours escarpés. Vers midi, on jeta l’ancre. L’amiral débarqua peu après ; il ne revint à bord que vers les six heures du soir. Plusieurs des bâtiments de notre escadrille, qui avaient pris la route ordinaire, étaient arrivés depuis plusieurs jours.

Le 16, après le diner, l’Empereur débarqua et l’amiral le logea dans une maison garnie, située à l’angle gauche de la rue et de la place. Sa chambre était au premier étage. C’est là que les personnes du service intérieur le rejoignirent. La maison était fort propre, mais peu garnie de meubles ; tout était d’une grande simplicité. L’Empereur y passa la nuit.

Dans la matinée, on avait fait la distribution des ceintures pour le débarquement ; j’en eus deux pour ma part. Je m’en étais ceint les reins et 50 000 francs étaient un poids considérable à porter pendant une bonne partie de la journée ; aussi me trouvai-je bien soulagé, quand je pus me débarrasser de mon fardeau. J’avais les hanches écorchées.

Le 17. De bonne heure, l’amiral vint à la maison qu’occupait l’Empereur. Il avait fait débarquer et amener ses deux chevaux, dont un devait servir de monture à l’Empereur ; deux autres chevaux étaient également devant la porte, un destiné pour le Grand-Maréchal et l’autre pour moi.

L’Empereur était prêt. Avant de monter son cheval, il m’ordonna de l’essayer pour que je susse s’il pouvait s’en servir sans danger. Après quelques tours, je mis pied à terre en lui assurant que le cheval était doux et facile. Il le monta et, accompagné du Grand-Maréchal et de sir Georges Cockburn qui servait de guide, il prit une route qui conduit à Longwood, endroit choisi par l’amiral pour être la prison de l’illustre prisonnier de la Sainte-Alliance.


SAINT-DENIS.