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autres ne pouvaient concevoir comment l’Empereur avait eu une aussi mauvaise inspiration.

Le brick français, mouillé près du Bellérophon, transborda tout ce qu’il avait à son bord appartenant à l’Empereur, et le capitaine alla ensuite saluer Sa Majesté et lui faire ses adieux. Dans la journée, toutes les personnes qui composaient la suite et la Maison de l’Empereur se rendirent à bord du vaisseau, et on transborda tous les bagages qui étaient sur le chasse-marée.

Dans l’après-midi, le vaisseau le Superbe, monté par l’amiral Hottham, commandant la station, vint mouiller à peu de distance de nous, et peu après, l’amiral se rendit sur le pont du Bellérophon. Il fut reçu par l’Empereur et dina avec Sa Majesté.

Le lendemain, dans la matinée, l’Empereur descendit dans un canot, pour aller à bord du Superbe, où il devait déjeuner. Je le suivis. L’amiral le reçut avec distinction : la troupe était sous les armes et les matelots sur les vergues et dans les mâtures. Sa Majesté passa les soldats en revue, et ensuite l’amiral, qui parlait très bien français, le conduisit dans toutes les parties du vaisseau. Le plus grand ordre, la plus grande propreté régnaient de toutes parts ; tout ce qui était au-dessous de la flottaison était sablé : c’était merveille. Quand tout fut visité, on remonta sur le pont et l’amiral conduisit l’Empereur dans la dunette, où un déjeuner était préparé avec soin et recherche, mais avec simplicité. L’amiral, qui avait de fort bonnes manières, fit admirablement les honneurs de la table. Le repas dura assez longtemps. Quand il fut terminé, l’Empereur prit congé de l’amiral et du Superbe et retourna au Bellérophon. Cette réception qu’on venait de lui faire lui plut beaucoup ; elle semblait présager en faveur de l’avenir. Peu après, on leva l’ancre et on fit voile pour l’Angleterre.

Pour caser toute la suite de l’Empereur, le capitaine Maitland fit faire à bord des travaux de menuiserie, pour faire des cabines. Le pont, entre l’artimon et le grand mât, fut décoré de pavillons et couvert d’une tente.

Plus nous approchions d’Angleterre, plus nous voyions de navires sillonnant la mer dans tous les sens.

Le 24 juillet, dans la matinée, on jeta l’ancre dans la rade de Torbay. L’Empereur s’était levé d’assez bonne heure pour voir les côtes d’Angleterre. Nous ne fûmes pas peu surpris de