de droite en entrant dans la ville, on nous demanda les passeports, lesquels furent visés immédiatement, et ensuite nous atteignîmes l’extrémité opposée de la ville. Au dehors de la grille de sortie, l’Empereur fit arrêter la voiture et descendit. Là, nous attendîmes à peu près un quart d’heure et le duc de Rovigo accompagné du préfet vint nous rejoindre. L’un et l’autre avec l’Empereur s’éloignèrent d’une dizaine de toises de la voiture et la conversation s’engagea. Pendant ce temps, le Grand-Maréchal et le général Becker restèrent près de la calèche, parlant de choses indifférentes. L’entretien que l’Empereur eut avec le préfet dura près d’une heure. Lorsque Sa Majesté revint de notre côté pour remonter en voiture, le préfet lui fit ses adieux et lui baisa la main.
Nous continuâmes notre voyage. Dans la matinée (1er juillet) à un petit quart de lieue de Poitiers, l’Empereur fit arrêter la voiture et alla avec ces messieurs à une petite maison de villageois située à droite, à une dizaine de toises de la route. Il me demanda un verre d’eau fraîche, que je lui servis après avoir prié la femme du logis de me donner un verre. Il revint ensuite à sa voiture qui était restée sur la route en garde aux postillons, y monta et nous atteignîmes la ville où l’Empereur prit logement dans une auberge, au-dessus et près de la maison de poste. Il se fit servir à déjeuner. Nous restâmes dans cette auberge pendant toute la grande chaleur du jour. Vers les deux ou trois heures, nous nous remîmes en route. À la sortie de la ville, un factionnaire demanda les passeports qui nous furent rendus presque tout de suite. Nous nous dirigeâmes sur Niort,
Dans le trajet, non loin de Niort, il y avait une côte assez longue à monter. Le soleil venait de se coucher. L’Empereur et ces messieurs avaient mis pied à terre et suivaient la voiture à quelques toises. Un homme, qui me parut être un bon fermier, marchait sur le côté droit de la route. De temps en temps, chemin faisant, il jetait les yeux sur l’Empereur et le regardait avec beaucoup d’attention. En obliquant un peu de mon côté, il se trouva près de moi qui étais près de la voiture. Et m’adressant la parole, il me dit : « Quels sont ces messieurs ? — Ce sont des officiers supérieurs, qui vont à Niort, répondis-je. — Je ne sais, reprit-il aussitôt, mais il y en a un que je crois reconnaître ; bien certainement je l’ai vu quelque part. — Monsieur, cela est très possible. » À chaque pas que nous faisions,