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pas la réplique. Le sermon fini, plusieurs crièrent : « Vive l’Empereur ! » L’Empereur, en les saluant, leur dit encore quelques mots, mais avec un peu plus de douceur, comme pour atténuer un peu l’âpreté du langage qu’il leur avait tenu. Comme partout, les abords de la maison étaient occupés par la foule, d’où partaient des : « Vive l’Empereur ! A bas les Bourbons ! A bas la calotte ! »

Le 16, l’Empereur coucha à Avallon et, le 17, à Auxerre. Dans cette ville-ci, il fut logé à l’hôtel de la préfecture. Toujours de l’enthousiasme, des acclamations. De temps à autre, des détachements de cuirassiers, de chasseurs, de dragons, étaient venus et venaient grossir l’armée.

A Auxerre, il y eut une scène semblable à celle qui avait eu lieu à Autun ; mais ce fut avec le clergé, composé d’un certain nombre de prêtres, parmi lesquels étaient un ou deux curés. On avait rapporté à l’Empereur que, dans leurs prédications, ces messieurs les ecclésiastiques mêlaient de la politique ayant trait aux événements du moment. Dès qu’ils avaient appris son débarquement, ils n’avaient pas manqué de parler de lui d’une manière assez peu révérencieuse : « De quoi vous mêlez-vous, je vous prie ? leur dit-il, après leur avoir fait connaître qu’il était informé de la conduite peu chrétienne et peu bienveillante qu’ils avaient tenue à son égard. Qu’avez-vous besoin de vous mêler de politique ? Prêchez la paix, la concorde ; renfermez-vous dans la morale de l’Evangile. Le spirituel doit être le seul objet, le seul texte de vos prédications. Bien loin de là, c’est toujours le temporel qui vous occupe. Pourquoi ces déclamations furibondes que vous jetez du haut de la chaire, d’où il ne devrait tomber que des paroles de douceur, de charité, de paix, de conciliation, d’équité et de soumission aux lois, etc. ? » Les expressions ne manquèrent pas à l’Empereur pour leur faire sentir son profond mécontentement.

Ce fut à Auxerre que le général Braver, qui dînait avec l’Empereur, fit la proposition de descendre à Paris avec quelques centaines d’hommes et de surprendre les Bourbons dans leur lit. Cette proposition ne fut pas agréée. Effectivement, qu’est-ce que l’Empereur eût fait de ces princes ? Il en aurait été embarrassé ; il aimait beaucoup mieux leur laisser la porte ouverte. Qu’avait-il à craindre d’eux ?

Pour faciliter la marche du soldat et le reposer, on réunit