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obligé d’évacuer Champenoux. Et l’angoissante journée du 5 s’achève sous de plus heureux auspices qu’elle n’a commencé.

Le 6, après une nuit calme, la contre-offensive française se développe. Le 20e corps progresse, reprend Crévic et regagne son ancienne ligne. La 74e division de réserve avance également. Le 16e corps repasse la Mortagne et réoccupe Gerbéviller. Mais les obus tombent plus drus que jamais sur le mont d’Amance et Sainte-Geneviève. De ce côté-là, l’infanterie allemande s’infiltre. A la nuit, elle attaque la position, au son de la musique et des fifres. Des rangs entiers sont fauchés par la mitraille française. Remenées sans cesse à l’assaut, les formations ennemies se lassent enfin de servir inutilement de cible à nos artilleurs, et elles s’enfuient éperdues dans la forêt voisine.

L’Empereur a décidé d’en finir avec l’énergique résistance française. Le 7 septembre, tandis que ses autres armées sont engagées dans la bataille de la Marne, il quitte Metz, franchit la Seille et, entouré de ses cuirassiers blancs, il vient se poster sur une hauteur pour assister à l’assaut suprême qui doit lui ouvrir la route de Nancy. A tout prix, il faut enlever le mont d’Amance et forcer la vallée de l’Amezule. Tout l’effort allemand se concentre sur ce point. Nos divisions de réserve sont soumises à un bombardement effroyable ; après quoi, elles ont à repousser l’attaque d’énormes masses grises qui se succèdent sans interruption. Un moment, la ferme de la Bouzule tombe aux mains de l’ennemi. Alors Castelnau lance en avant le 20e, le 16e corps pour retenir en face d’eux des forces allemandes et pour soulager ses autres troupes. Celles-ci, recrues de fatigue, résistent avec une énergie admirable, et, l’artillerie française aidant, elles infligent à l’Allemand des pertes sanglantes. Mais les attaques ennemies se renouvellent sans cesse : les Allemands progressent dans la forêt de Champenoux et ils s’avancent dans la direction de Nancy. Castelnau, avec ses dernières réserves, monte une contre-attaque éventuelle, en même temps qu’il envoie sa cavalerie s’opposer aux inquiétants progrès de l’ennemi dans la direction de Toul. Et le soir de cette journée tragique tombe sur le champ de bataille.

Le lendemain 8, tandis que l’Empereur est là qui s’impatiente, les bataillons allemands essaient de déboucher de la forêt de Champenoux. Sur les pentes Est du mont d’Amance, clef de Nancy, des luttes épiques s’engagent ; Français et Allemands