dans l’Est, il va se rabattre sur l’objectif politique qu’il avait négligé dans son premier effort, à savoir sur cette ville de Nancy que, longtemps, en France, on avait cru indéfendable. Et huit jours durant, il va lancer ses bataillons à l’assaut du Grand-Couronné : il avait compté sans l’héroïsme et l’endurance des troupes françaises et sans le talent militaire, l’ardeur et le sang-froid de leur chef.
Dans la journée du 4 septembre, l’Empereur est à Metz ; il fait défiler dans les rues de la ville son beau régiment des cuirassiers blancs qui, en tenue de parade, va cantonner à quelques lieues de là, attendant l’heure de la triomphale « entrée » impériale dans la capitale lorraine. Au Nord de notre ligne, l’artillerie et l’infanterie allemandes tâtent vigoureusement le 20e corps, lui enlèvent quelques positions qui sont promptement reprises. La nuit venue, un formidable feu d’artillerie lourde s’allume sur tout l’immense arc de cercle qui enserre Nancy ; mais c’est plus particulièrement le front du 20e corps qui est visé. Puis d’énormes masses allemandes s’élancent à l’assaut. Dans le noir, une lutte prodigieusement violente et confuse s’engage, éclairée par l’éclatement des obus et par les villages qui, comme des torches, flambent à l’horizon. Au matin, l’ennemi s’est emparé de nos positions avancées, Maixé, Réméréville, qui a été le centre de la bataille, la cote 316, et le général Balfourier est obligé de se replier sur sa ligne de résistance. A droite, l’attaque allemande a fait reculer aussi la 74e division de réserve et le 16e corps : nous perdons Gerbéviller et presque toute la rive droite de la Mortagne, que l’ennemi franchit même en un point. A gauche enfin, les masses germaniques progressent vers Pont-à-Mousson. Si elles avancent encore, c’est toute la ligne française prise à revers. Prévoyant comme toujours le pire, Castelnau avise de sa situation le grand-quartier général et prend toutes ses dispositions pour un repli éventuel ; mais il ordonne une contre-attaque. Sur le front du 20e corps, elle n’aboutit pas à des résultats appréciables. Mais le 16e corps, en liaison avec le 8 e, rejette l’ennemi sur la rive droite de la Mortagne. Assisté des plus grosses pièces lourdes qu’il a fait venir de Metz, l’Allemand fait pleuvoir sur la forêt de Champenoux, sur le mont d’Amance, sur Sainte-Geneviève un terrible déluge de mitraille ; puis il livre au mont d’Amance une série de massifs et sanglants assauts ; partout repoussé, il est même