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prochaines attaques. Le 28, sur tout le front, l’armée allemande, qui s’est solidement retranchée, oppose une énergique résistance, notamment aux abords de Lunéville : nous réoccupons Gerbéviller et la plupart des passages de la Mortagne ; dans un superbe élan, le 20e corps s’empare du signal de Friscati : ce sera, en Lorraine, le dernier exploit de son chef, le général Foch, qui est, ce jour-là même, appelé par Joffre à la tête de la 9e armée, et qui sera remplacé par Balfourier. Le 29, au prix de très âpres efforts, nous progressons, mais pied à pied. Le 30, Castelnau s’est proposé de déborder Lunéville par le Nord ; mais une terrible contre-attaque allemande à notre droite rejette le 16e corps sur la Mortagne et rend impossible la manœuvre préparée. Elle eût été reprise dans de meilleures conditions, le 2 septembre, si, ce jour-là, la 2e armée n’avait pas dû renvoyer à l’arrière, pour renforcer les armées françaises de l’Ouest, la 10e division de cavalerie, la 2 « brigade de chasseurs, le 15e corps, et la division conservée du 9e corps. Son chef regroupe une fois encore les forces qui lui sont laissées, il pousse le plus activement possible les travaux d’organisation qu’il a prescrits, et il se tient prêt à tout événement.

Le 4 septembre, il reçoit la visite d’un officier du grand quartier général qui lui apprend la retraite générale des autres armées françaises, retraite « qui pouvait laisser la 2e armée isolée en Lorraine et coupée du gros des troupes. » Que faire dans cette angoissante éventualité ? Résister sur place, ou se dérober à la pression de l’ennemi et rejoindre, pour les renforcer, les armées qui battent en retraite ? Seul le généralissime a qualité pour trancher la question conformément à l’intérêt général. Castelnau lui demande ses instructions, « ajoutant que, pour répondre éventuellement à ses directives, il prépare des ordres à toutes fins utiles. » Le 5 septembre, le général en chef lui fait répondre : « Tenir sur place pour le moment. » De fait, c’est sur cette résistance qu’il compte pour monter sa nouvelle manœuvre et pour reprendre l’offensive.

Sur un seul point de l’immense ligne de bataille, les armées allemandes ont été mises en échec. Elles n’ont pu s’ouvrir ni la route de Neufchâteau, ni celle d’Épinal : Bavarois et Saxons manqueront au rendez-vous qui leur a été donné sur les bords de la Seine. Furieux de cet insuccès, l’état-major allemand veut à tout prix le réparer : n’ayant pu atteindre son objectif stratégique