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Castelnau peut installer le lendemain son poste de commandement à Pont-Saint-Vincent, en vue de la bataille qu’il médite.

Quelles sont les intentions de l’ennemi ? Voudra-t-il, par une attaque brutale contre les positions du Grand-Couronné, essayer de percer le front de l’armée française et de s’emparer de Nancy ? Ou bien, plus hardi et plus ambitieux, se propose-t-il, dans une poussée qu’il s’efforcera de rendre irrésistible, de s’ouvrir la trouée de Charmes, afin de prendre à revers les troupes adverses et d’agir sur leurs communications vitales ? Castelnau est prêt à toute éventualité. Sur un front d’une soixantaine de kilomètres, de Sainte-Geneviève à Borville, son armée est massée, reposée, aguerrie et confiante, « merveilleux organisme, » selon le mot du général Balfourier, aux mains d’un tel chef. Lui, dans la petite école de Pont-Saint-Vincent, au centre de cet immense arc de cercle, à vingt-cinq kilomètres en arrière, calme, actif et grave, il épie les moindres mouvements de l’armée bavaroise que lui signalent ses aviateurs, ses officiers de liaison, ses nombreux services téléphoniques. Et il attend. De droite à gauche, le 16e, le 15e, le 20e corps attendent aussi, l’arme au pied. De fortes réserves ont été constituées pour la contre-attaque.

Le 22, au soir, l’armée du prince Ruprecht est entrée à Lunéville ; le 23, elle a concentré des forces importantes sur les deux rives du Sanon. Le 24, dans la matinée, les reconnaissances aériennes annoncent que des formations ennemies considérables, dont deux corps au moins ont été repérés, franchissent la Meurthe à Damelevières et Mont-sur-Meurthe, la Mortagne à Lamath et Gerbéviller, s’avançant vers le Sud, tandis que d’autres masses sont signalées vers Serres et Valhey. L’Allemand offre le flanc droit. Immédiatement, à 11 à 30, un ordre est expédié aux troupes de la 2e armée :


Il est essentiel d’arrêter ce mouvement et de profiter de la situation de l’ennemi pour lui infliger un échec.

En conséquence, tandis que les 15e et 16e corps d’armée et une fraction du 20e contiendront l’ennemi sur leur front, une attaque dans la direction générale de Serres (flanc droit du dispositif ennemi) sera exécutée par une division du 20e corps et les troupes disponibles du 2e groupe des divisions de réserve.

En même temps, le 8e corps de la 1re armée, voisin immédiat