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le commandement a vite fait de porter remède, et dans la main de son chef, la 2e armée ne tarde pas à fournir les preuves d’une cohésion remarquable. Le 18, elle est arrivée a la Seille, qu’elle borde sur une partie de son cours : mais sa droite, assez éprouvée, ne parvient pas à progresser, et à sa gauche, le 9e corps, qui lui est enlevé par le commandement en chef, doit être hâtivement remplacé par les 59e et 68e divisions de réserve qui viennent à peine de débarquer. De plus, les aviateurs ont constaté l’existence de fortes organisations défensives sur tout le front Marthil-hauteurs Sud de Baronville-Morhange-Rodalbe-Bensdorf. Les intentions de l’ennemi sont encore obscures, mais la vraie bataille est imminente.

Le 19, le général de Castelnau distribue ses ordres : les 15e et 16e corps doivent, le lendemain, à partir de 5 heures, poursuivre vigoureusement leur offensive et s’efforcer de rejeter l’Allemand jusqu’à la voie ferrée Sarrebourg-Bensdorf. Pendant ce temps, les 59e, 68e, 70e divisions de réserve assureront, sur le Grand-Couronné de Nancy, la couverture face à Metz et renforceront les positions qu’elles ont déjà commencé à organiser. Entre ces deux groupements, le 20e corps, formant toujours charnière, s’installera dans une position d’attente, et se tiendra prêt soit à repousser une attaque débouchant de Metz, soit à appuyer éventuellement la progression des 15e et 16e corps.

Le 20, à l’aube, emporté par sa fougue, le commandant du 20e corps lance la 39e division à l’attaque des hauteurs de Marthil-Baronville, découvrant son flanc gauche. A 4 heures du matin, un formidable orage d’artillerie lourde s’abat sur les troupes françaises, et peu après, tout le IIIe corps bavarois, dévalant des bois, se rue à l’assaut. En une demi-heure, la 39e division, en dépit de tout son héroïsme, est bousculée, et à 8 heures, elle est en pleine retraite, entraînant dans son mouvement la 11e division ; presque tous ses chefs de corps sont hors de combat, et elle a dû laisser aux mains des Bavarois les deux tiers de son artillerie divisionnaire. Découverte par la retraite du 20e corps, vivement pressée par les Allemands, la 68e division de réserve se replie à son tour. Quant aux 15e et 16e corps, leur offensive a été retardée par le brouillard. Attaqués par des forces très importantes, fort éprouvés par l’artillerie lourde allemande, ils rétrogradent eux aussi, défendant