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sous une direction unique » les deux armées qui seront appelées à participer à cette série d’opérations.

Le général de Castelnau ne se contentait pas de ces indications nécessairement un peu sommaires. Il traçait, en termes très précis, le « cadre des directives générales à donner aux armées. Ces armées, au nombre de cinq, avaient chacune leur mission propre. Elles étaient surtout constituées en vue de la riposte par laquelle on se proposait de répondre le plus promptement possible à l’agression allemande. « Cette riposte, écrivait le général, se manifestera sous la forme de deux actions principales, se développant : l’une, à droite, dans le terrain entre les massifs forestiers des Vosges et la Moselle en aval de Toul ; l’autre, à gauche, au Nord de la ligne Verdun-Metz. Ces deux actions seront étroitement soudées par des forces agissant sur les Hauts-de-Meuse ou en Voëvre. » L’entrée des Allemands en Belgique était accessoirement envisagée, et, pour répondre à cette extrême hypothèse, l’action éventuelle de deux armées, — la 5e et la 4 e, celle-ci étant mise provisoirement en réserve, — était admise « dans la direction générale Dun-sur-Meuse-Virton. » Le rôle de la 2e armée était ainsi défini :


La 2e armée agira entre la 1re armée et le cours de la Moselle, en aval de Toul, prolongé en avant de cette place par le canal de la Marne au Rhin jusqu’à Foug et la ligne Vaucouleurs-Grand-Saint-Blin (inclus).

En s’appuyant à la tête de pont de Nancy dont elle devra assurer la possession, elle mettra hors de cause, en s’efforçant de les rejeter sur Metz, les forces ennemies opérant dans sa zone d’action.

La 2e armée se tiendra prête à déboucher de la ligne Lunéville-Grand-Couronné de Nancy, dans la direction générale Saint-Nicolas-Château-Salins, le 13e jour de la mobilisation.

Quartier-Général : Neufchâteau.


Ce plan très mûri, et qui n’allait pas tarder à prouver son excellence, était à peine esquissé, que les événements se précipitaient. La guerre éclatait, à l’heure voulue par l’Allemagne. Placé à la tête de la 2e armée, le général de Castelnau partait le 5 août pour Neufchâteau.


III. — LA TROUÉE DE CHARMES. — LE GRAND-COURONNÉ

Son grand principe d’une défensive stratégique n’avait pas été accepté. Il régnait alors à l’Etat-major un état d’esprit fort