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de la Haute-Silésie. Si le général Hœfer s’est décidé à s’incliner devant les injonctions de la Commission interalliée, les meurtres de nos officiers et de nos soldats se sont renouvelés et, en même temps, toutes les forces officielles et financières de l’Empire ont été mises en mouvement pour que le bassin minier et industriel fût attribué à l’Allemagne. Un grand nombre de personnes à Paris et ailleurs ont reçu ces jours-ci par la poste une élégante brochure, éditée en français par la Chambre de commerce de Breslau. Dans un avant-propos signé du président et du secrétaire, il nous est dit qu’on nous adresse « un mémoire sur la question de la Haute-Silésie et sur le rétablissement de l’économie sociale européenne ; » et l’on poursuit, sur un ton hypocrite : « Profondément émus à la vue de la misère en Haute-Silésie, nous avons entrepris de faire un exposé absolument impartial de l’évolution de la question de la Haute-Silésie et de montrer l’importance, au point de vue du raffermissement de la situation politique et économique de l’Europe, d’une solution équitable de cette question. » Ouvrons la brochure ; cherchons l’exposé impartial et la solution équitable ; nous trouvons un pamphlet d’une extrême violence, non seulement contre les Polonais, mais contre les troupes d’occupation, contre les contrôleurs français, contre le Procureur général français d’Oppeln, contre le général Le Rond ; et ce réquisitoire haineux, exclusivement nourri d’allégations fausses, se termine, à propos de l’insurrection polonaise, par ces mots effrontés : « Les organes français et les troupes d’occupation françaises, à leur tête le général Le Rond, sont donc responsables de complicité dans tous ces terribles événements. » Après quoi, la Chambre de commerce de Breslau conclut en formulant ses exigences, qui sont, du reste, celles de M. Wirth lui-même : « Nous en appelons maintenant au jugement calme et guidé par des points de vue d’économie universelle, de tous les cercles européens qui, reconnaissant les besoins du temps, veulent marcher d’accord vers des buts de reconstruction d’économie universelle et européenne. Et ce jugement ne peut être que le suivant : la Haute-Silésie est indispensable pour la reconstruction et ne peut remplir son rôle que si elle reste à l’Allemagne, ainsi que l’exigent l’humanité, la justice, le traité de Versailles et l’avenir de l’Europe. » Ainsi, l’humanité veut que des millions d’ouvriers polonais demeurent, malgré eux, sous le joug d’une poignée de financiers allemands ; la justice veut qu’il ne soit pas tenu compte de la volonté populaire ; l’avenir de l’Europe veut que l’Allemagne conserve ses plus redoutables usines de guerre ; et quant au traité