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signer la paix avec l’Allemagne par un acte isolé, sans ratifier le Traité de Versailles, dans la préparation duquel un chef d’État américain avait joué un vote prépondérant, les Français ne pensent point que cette décision puisse avoir pour conséquence de rompre ou de relâcher les liens qui unissent nos deux peuples. Les Américains ne le pensent pas davantage. Tous ceux d’entre eux qui ont quelque qualité pour traduire les sentiments de leur pays nous donnent publiquement, à cet endroit, les assurances les plus précises. C’était hier encore M. Walter Berry, Président de la Chambre de commerce américaine à Paris, qui s’écriait : « Il ne faut pas que l’Histoire dise que la France a plus souffert par ses amis que par ses ennemis. La France est un peu notre patrie dorénavant, car nous y avons laissé nos morts. » C’était hier aussi M. l’ambassadeur Hugh Campbell Wallace qui, au moment de quitter Paris, s’exprimait, dans des termes touchants, sur la collaboration des États-Unis et de la France. M. Wallace s’est signalé, pendant toute la durée de son ambassade, par un tact parfait, une loyauté impeccable et une amitié sincère pour la nation auprès de laquelle il était accrédité. Il a été gracieusement secondé dans l’accomplissement de sa mission par une femme charmante, généreuse, toujours prête à aider les œuvres de charité françaises. L’un et l’autre laisseront parmi nous un souvenir ineffaçable. Le successeur de M. Wallace n’est heureusement pas un nouveau venu. Nous l’avons tous vu à l’œuvre, non seulement lorsqu’il représentait les États-Unis en France, mais, depuis lors, dans la fervente campagne qu’il a menée en notre faveur auprès de ses compatriotes. M. Myron T. Herrick a été, pendant toute la guerre, un de nos amis les plus sûrs. Il est de ceux qui aujourd’hui peuvent le plus utilement contribuer à faire connaître en Amérique notre véritable état d’esprit, à nous montrer tels que nous sommes et à nous défendre contre les calomnies allemandes. Il est également de ceux qui sont le plus à même de nous renseigner sur la pensée américaine et de nous épargner quelques erreurs d’optique.

Voici, du reste, qu’il nous arrive d’Outre-Mer, en même temps que M. Myron T. Herrick, un homme qui a travaillé, comme lui, à l’échec des démocrates et à la victoire des républicains, M. Nicholas Murray Butler, président de l’université Columbia. Si l’on tient à ce que Dempsey incarne la force américaine, on voudra bien accorder que M. Butler a quelques titres à personnifier l’intelligence et la science de son pays. Au moment où il est notre hôte et où il se dispose à venir, avec des Français, à Louvain, pour y retrouver les traces des