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anglais ont et gardent jusqu’à la mort une allure, une structure athlétique et souple. « Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ! » est une des plus charmantes absurdités qu’ait jamais proféré un poète. Car l’ivresse d’une belle santé, d’une riche et noble pensée, d’une énergie sereine, lucide et forte ne fleurira guère dans un vase ébréché, fragile et qui sent le moisi.

Mais, me dira-t-on, en quoi les spectacles pugilistiques peuvent-ils améliorer la santé générale d’une nation ? Ils le peuvent. A Paris, chaque semaine, à la salle Wagram, au Cirque de Paris ont lieu des combats de boxe, ainsi qu’on fait sur une échelle bien plus large encore dans les pays anglo-saxons. Les milliers de jeunes gens qui suivent passionnément ces séances et auxquels se mêlent de plus en plus des hommes du monde, des écrivains, des savants, ne sont-ils pas mieux là que dans les cabarets ou autres lieux douteux où ils échoueraient inévitablement sans cela ?

Certes à cet égard, la boxe ne vaut pas certaines autres formes de l’athlétisme comme la course à pied, qui ajoute à ces avantages musculaires tous ceux que procure le grand air. Qu’importe ? La boxe de combat, comme tous les spectacles sportifs, crée une émulation, un « goût » de l’exercice gymnique, en vertu de cet instinct d’imitation qui est dans tous les hommes. Et voilà pourquoi il est bon qu’en boxe, comme dans tous les sports, il y ait un petit nombre de professionnels dont l’exemple stimule et suscite les amateurs. Amateur de boxe, tout le monde peut l’être. Quelque demi-heure d’entraînement consacrée chaque jour chez soi ou dans un gymnase à ce sport par chacun de nous rendra, — et sans aucun danger, — plus belle sa santé, sa résistance physique et morale, plus harmonieuses, et plus souples sa musculature et sa démarche. Par elle, comme par toute autre gymnastique analogue pratiquée quelques minutes chaque jour, chacun de nous est assuré de mourir jeune... je veux dire de garder jusqu’à la fin un corps jeune, même s’il meurt à un âge avancé.

Ce qui contribue aussi au prestige de la boxe, c’est qu’elle permet à celui qui la pratique, même très peu, de savoir se défendre efficacement. On n’a pas toujours affaire à des gentlemen dans les heurts de notre société mêlée. Je sais bien que les voies de fait ne sont pas un signe de civilisation très relevée. Mais nous venons d’assister pendant cinq ans à une série de voies de fait internationales qui ont coûté la vie à des millions d’hommes et qui prouvent que le règne des arguments frappants sur cette planétule n’a pas encore tout à fait pris fin.

Ce qui a lieu entre nations peut avoir lieu entre individus : on