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Postérieurement à la belle époque de l’hellénisme, on surajouta à cette sorte de gantelet formé de courroies, des anneaux métalliques et même de petites masses de plomb qui rendaient singulièrement plus graves les blessures causées par le ceste. Nous verrons tout à l’heure comment la boxe anglaise a humanisé le gant de boxe, de manière à rendre parfaitement anodins et sans danger les coups portés.

On pourrait remonter mythologiquement jusqu’aux origines divines de la boxe. Apollon, par exemple, recevait à Delphes des sacrifices comme boxeur, ayant, dit-on, combattu dans le pugilat contre Ares. Mais ces renseignements ne sont pas très certains.

Les premiers, et en tous cas les plus illustres titres de noblesse de la boxe, on les trouve dans Homère. L’Iliade nous narre avec précision le pugilat qui figura au nombre des jeux funèbres donnés en l’honneur de Patrocle :

« Et Nestor debout dit au milieu des Argiens : « Atréides, et vous Akhaïens aux belles knémides, j’appelle pour disputer ces prix deux hommes vigoureux à se frapper de leurs poings levés. Que tous les Akhaïens le sachent, celui à qui Apollon donnera la victoire conduira dans sa tente cette mule patiente et le vaincu emportera cette coupe ronde. » Il parla ainsi et aussitôt un homme vigoureux et grand se leva, Epéios fils de Panopeus, habile au combat du poing. Il saisit la mule laborieuse et dit :

— Qu’il vienne celui qui veut emporter cette coupe, car je ne pense pas qu’aucun des Akhaïens puisse emmener cette mule m’ayant vaincu par le poing, car en cela je me glorifie de l’emporter sur tous... Je briserai le corps de mon adversaire et je romprai ses os. Que ses amis s’assemblent ici en grand nombre pour l’emporter quand il sera tombé sous mes mains.

« Il parla ainsi et tous restèrent muets. Et le seul Euryalos se leva, homme illustre, fils du roi Mekisteus Talionide qui, autrefois, alla dans Thébé aux funérailles d’Oidipous et qui l’emporta sur tous les Kadméiones. Et l’illustre Tydéide s’empressait autour d’Euryalos, l’animant de ses paroles car il lui souhaitait la victoire. Et il lui mit d’abord une ceinture et il l’arma de courroies faites du cuir d’un bœuf sauvage.

« Puis les deux combattants s’avancèrent au milieu de l’enceinte. Et tous deux levant à la fois leurs mains vigoureuses, se frappèrent à la fois en mêlant leurs poings lourds. Et on entendait le bruit des mâchoires frappées ; et la sueur coulait chaude de tous leurs membres. Mais le divin Epéios se ruant en avant frappa de tous les côtés la face