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Les réparations les plus urgentes ayant été faites au presbytère de la Madone de Mur-ciane, on avait blanchi les chambres, on les avait nettoyées le mieux qu’il avait été possible et on les avait meublées de quelques meubles indispensables. Il n’y avait autre chose que de la propreté. Les différentes plates-formes, les petits chemins que l’Empereur avait ordonnés, tout avait été fait. Sa Majesté se décida d’aller habiter cet endroit. Je l’y précédai. Je fis le voyage avec un service de mulets de bat, chargés de la tente, des lits de campagne et de différents effets, parmi lesquels étaient des fusils de chasse.

En sortant du petit village de Murciane la Marine, on prend un chemin montueux et tortueux, taillé dans la montagne ; il conduit en côtoyant un profond ravin à l’endroit nommé la Madone, où l’on n’arrive qu’avec beaucoup de peine, et non sans suer à grosses gouttes. On voit enfin l’église, qui se présente à gauche par le chevet. A droite sont des bâtiments n’ayant qu’un rez-de-chaussée assez peu élevé, qu’on peut appeler le presbytère. Le chemin qui sépare l’église du presbytère et qui est le même que celui de la montagne, ressemble à une petite rue ou ruelle. En avançant, on aperçoit à gauche une petite place carrée, où, à gauche, est le portail de l’église et, à droite, faisant face au portail, est un mur d’où sortent des tuyaux de fontaine qui donnent une eau très claire et très fraîche. En face de l’entrée était un autre mur qui, comme le précédent, est appuyé contre la montagne. La place ou cour est cailloutée symétriquement. Les bâtiments du presbytère ne vont pas aussi loin que l’église, mais un mur d’appui, qui est ensuite, se prolonge de quelques toises au delà. Si l’on continue à suivre le chemin, on oblique à droite et l’on gagne la naissance du ravin ; après quoi, en montant encore, on arrive au haut de la montagne où l’on trouve un large plateau qui va en pente et qui est parsemé de gros arbres. Quand on est parvenu à l’extrémité de ce plateau, on aperçoit l’île de Corse. Beaucoup de rochers élevés et aigus bordent ce côté et s’avancent assez loin dans la mer.

Revenons aux bâtiments du presbytère. Ils forment plusieurs pièces à la suite les unes des autres ; elles ont leurs entrées sur la ruelle et ont des fenêtres sur celle-ci et sur le ravin. Le bâtiment,