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IX. — LA BANQUEROUTE ÉCONOMIQUE

Les nouvelles que colportent les bolchévistes sur les progrès qu’ils auraient réalisés dans la production, le rendement du travail, la création d’usines, l’organisation de grandes entreprises, etc., sont outrageusement tendancieuses, destinées uniquement à être reproduites par des plumes complaisantes à des millions d’exemplaires dans les journaux étrangers.

Examinons, chiffres en mains, ces mirifiques augmentations. Aux usines électriques de Pétrograd.la production aurait augmenté de 50 pour 100. On oublie d’ajouter qu’après cela, elle n’a même pas atteint 15 pour 100 du minimum escompté.

Dans les fabriques et les usines, se serait produite une intensification du travail. Pure fiction ! Voici la vérité. Devant l’insuffisance des salaires, les bolchévistes ont établi un système de primes. Désireuses d’obtenir les plus grosses primes possibles, fabriques et usines invoquent l’exécution de travaux tout à fait étrangers à la production et sans rien de commun avec les travaux d’usine, tels que balayage de la neige et des locaux, transport de bois, de provisions et de machines, — pour des réparations qui n’ont jamais eu lieu, — heures de travail supplémentaires, elles aussi parfaitement imaginaires. La prime est répartie selon ces indications fantaisistes. On la compare à celle du mois passé. Et on conclut à une augmentation du travail dans des usines... le plus souvent fermées !

A quoi sert d’augmenter la production du fer et du cuivre, de 100 ou de 200 pour 100, quand, pour arriver à égaler la production de 1913, il faudrait augmenter l’exploitation du fer de 7 000, et celle du cuivre de 32 000 pour 100 ? Ils parlent de l’ouverture de nouvelles usines, mais ils ne disent pas que pour en installer une seule, — qui ne pourra pas être mise en marche, faute de combustible, — ils en détruisent et en pillent dix anciennes. Ils se glorifient d’avoir réveillé l’activité d’une usine fermée lors de la première révolution ; mais à quel prix parviennent-ils à la faire fonctionner péniblement ? Pour se procurer les poutres, planches, briques et clous nécessaires, les parties constitutives des fours, des portes et fenêtres, etc., surtout le cuivre et le plomb, dont ils manquent totalement, ils les empruntent à des usines abandonnées, qui sont ainsi