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leur inquiétude et vont jusqu’à déclarer officiellement qu’ils se réjouissent de « l’épuration à l’intérieur ; » mais, en fait, ils jettent le cri d’alarme et prennent d’énergiques mesures pour combler les vides. Tout communiste avéré est pourvu d’un poste important. Un communiste qui reste dans le rang, c’est un phénomène sans exemple. Dans cette distribution des places, la compétence ne joue aucun rôle : seule compte l’affiliation au parti. Un grand nombre de ces communistes haut placés sont d’une extrême jeunesse et il n’est pas rare de voir à des postes de choix, entraînant de lourdes responsabilités, un blanc-bec de seize ans pris dans les rangs de la jeunesse « hooligane » des fabriques.


Les communistes affirment que leur parti est la moelle des os du peuple et qu’il est seul avec ce peuple à supporter tout le fardeau de l’heure présente. En vérité ! Ces messieurs négligent de mentionner la bacchanale de brigandages, de spéculation, de pots-de-vin qui sont pour eux monnaie courante. L’énumération des vols systématiques pratiqués dans les dépôts d’approvisionnement, étant donnée l’intime liaison entre l’organisation des magasins souterrains et les chefs des Soviets, nous mènerait trop loin. Je note seulement que l’un des spéculateurs les plus connus de Pétrograd est le propre père de Zinovieff, — de son vrai nom Radomissilsky, — n’agissant pas, selon toute probabilité, à ses seuls risques et périls, et il est peu probable aussi que ce soit, avec le produit de ses gages des Soviets que ce même Zinovieff entretient somptueusement la ballerine Spéssivtzeva et la couvre de diamants.

Tandis que le peuple gèle et meurt de faim, les communistes bien chauffés, installés dans les meubles de prix volés aux palais, vivent dans l’abondance et le luxe : il suffit, pour s’en convaincre, de regarder l’hôtel « Astoria. » Quant à la façon dont ils se gobergent, voulez-vous quelques précisions ? Jetez un coup d’œil sur le livre des entrées et sorties des produits alimentaires dans la commune de Pétrograd. Voici un fait entre plusieurs autres. A la fin de septembre dernier, par la Croix-Rouge de Norvège arriva à destination des enfants de Pétrograd, un train contenant vingt et un wagons de provisions, à savoir : quinze wagons de poisson séché et six wagons de cacao, de chocolat,