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le travail bolchéviste. Les organisations de propagande mentionnent avec une satisfaction toute particulière les succès remportés en Pologne, surtout dans les localités de fabriques el d’usines, comme Lodz, Sosnowicz, même Varsovie où les bolchévistes évaluent à vingt-huit mille le nombre des communistes. Il n’était que temps que le gouvernement polonais fit arrêter le chef des communistes polonais, l’actif et bouillant Horwitz. Plus loin vers le Sud, en Bessarabie, en Roumanie, en Hongrie, la propagande et l’activité bolchévistes se déploient sous la direction de Béla-Kun, qui s’est installé en Crimée, d’où il fait rayonner sa propagande. Là, suivant un plan soigneusement élaboré d’avance, l’agitation porte sur la question agraire : les bolchévistes se prévalant de la disette qui, d’après leurs renseignements, va régner en Roumanie, espèrent provoquer facilement une révolte de paysans. Sur la frontière russo-roumaine sont déjà concentrées et se concentrent encore chaque jour de fortes divisions armées : le moindre soulèvement de paysans serait immédiatement sou-tenu et encouragé par les baïonnettes des soldats rouges.

Persuadés que leur propagande en Asie est un grand atout entre leurs mains contre l’Angleterre, les bolchévistes n’épargnent rien pour y fomenter le trouble et la discorde. Malgré le manque de papier, des imprimés en toutes langues et en dialectes, brochures, feuilles volantes, proclamations, inondent les pays frontières de la Russie d’Asie. Il va de soi qu’un soin tout particulier est voué au talon d’Achille de l’Angleterre, — aux Indes. D’étroites relations ont été nouées par les bolchévistes avec les organisations communistes des Indes. Ils espèrent beaucoup de l’Afghanistan, et c’est la raison de leur alliance avec l’Emir, alliance tout aussi contre nature que celle qui les unit aux Kémalistes. Malgré leur propre pénurie en matériel de guerre, ils ont réussi à fournir tout le nécessaire à l’Afghanistan ; ils y ont, par exemple, transporte tout le matériel d’un camp d’aviation. Les événements de Khiva et de Boukhara ont fortement refroidi l’Emir envers ses alliés bolchévistes ; ces derniers ne perdent cependant pas sans espoir de convertir de nouveau l’Afghanistan à leur Credo et Zoneff, ancien officier du régiment Préobrajenky, arrivé récemment à Moscou d’Afghanistan où il était en mission, à Moscou, reçut l’ordre de tout mettre en œuvre pour rétablir les bonnes relations.