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et ce sont évidemment de brillants résultats que peut enregistrer Wassilieff qui parcourt tout l’étranger en sa qualité de délégué de la Croix-Rouge ; il a comme adjoint Mme Lieven, laquelle, se faisant passer pour une « blanche » convaincue, couvre ainsi les agissements de Wassilieff.

On comprend dès lors l’importance que les bolchévistes attachent à la qualité du personnel qui les représente à l’étranger, et combien ils tien-nent à conserver les relations que leurs missions ou délégations y ont nouées. Pour eux, les traités de paix ne sont pas but, mais moyen, et ils n’en font point mystère : moyen d’étendre leur activité, de hâter la révolution sociale et mondiale si fébrilement attendue. Dans le programme de chaque délégation, sous les mots de « paix » et de « commerce » , lisez au vrai « agitation » et « propagande. » En signant la paix ou un traité de commerce, ils chassent deux lièvres à la fois : établir à l’étranger une nouvelle base de prosélytisme et d’agitation et simultanément, par le moyen de l’importation, améliorer un tant soit peu, même passagèrement, leur situation à l’intérieur. Inutile d’ajouter que ces traités ne sont à leurs yeux que choses transitoires, « chiffons de papier » arrachés par ruse à un voisin particulièrement naïf et dont ils exploitent la crédulité.

Dans les pays voisins de l’ancien Empire russe ou qui jadis en ont fait partie, ce ne sont pas seulement les missions et délégations qui déploient une activité dévorante ; il existe en outre des organisations communistes locales subventionnées par les Soviets avec lesquels elles sont en contact régulier. Les Soviets envoient constamment dans ces parages limitrophes, comme d’ailleurs dans tout l’Occident, des groupes d’agents et d’agitateurs soit sous l’étiquette d’émigrés, soit comme agents secrets ; bien préparés, largement pourvus d’argent, de papiers et de lettres, ils se mettent à l’œuvre. A en croire les chefs bolchévistes, les résultats seraient superbes.

De ces pays limitrophes de la Russie, celui où le travail communiste est le plus intense, est la Finlande : Zinovieff le dirige en personne. La propagande en Lettonie et en Esthonie n’est pas moins intense : la charpente de ces nouveaux Etats n’est pas encore solide et leurs frontières sont encore mal définies (surtout du côté de Jambourg et de Sébéjà). Cela et la qualité du personnel gouvernemental local facilite beaucoup