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Et, jugeant nécessaire, pour des raisons d’intérêt supérieur, d’empêcher à tout prix, que Je régime bolchéviste ne fût renversé par la force, il lui donnait le conseil de renoncer librement et volontairement au pouvoir.

Ce mémoire fit l’objet d’une discussion dans une séance secrète tenue à cet effet sous la présidence de Lénine et en présence des principaux chefs du parti bolchevique. L’idée maîtresse de Wartanessoff, — à savoir l’impossibilité de l’organisation communiste en Russie en regard de l’existence des institutions capitalistes en Occident, — cette idée, dis-je, ne souleva aucune objection. Mais Lénine fit remarquer qu’étant donnée la masse de matériel incendiaire couvant à l’heure actuelle en Occident, l’espoir d’une révolution communiste mondiale n’était point du tout aussi illusoire qu’il semblait à Wartanessoff. A l’appui de ses dires, il cita un certain nombre de faits tendant à prouver que l’agitation bolchevique faisait des progrès notables en Occident et notamment en Allemagne, grâce à l’énergie de Joffe et de Oscar Kohn. L’assemblée se rangea à l’avis de Lénine et décida que le seul moyen de salut pour le régime communiste en Russie était d’organiser la révolution sociale en Europe occidentale et en Amérique, ainsi que dans les pays d’Asie limitrophes de la Russie. Dans cette même séance fut tracé dans ses grandes lignes un plan de propagande bolchevique, celui-là même qui s’exécute actuellement et auquel les bolchévistes apportent le maximum d’effort.


VI. — L’AGITATION À L’ÉTRANGER

La révolution espérée en Occident se fait attendre ; gagner du temps à l’intérieur du pays devient de plus en plus difficile : raison de plus pour activer, renforcer et élargir l’agitation en Occident. La propagande bolchéviste fait partie intégrante de chacun des rouages de l’Etat bolchéviste ; il n’y a pas un seul organe, un seul compartiment « neutre » dans l’édifice bolchéviste ; un commissariat, une délégation est, avant tout, organe de propagande et d’agitation, à commencer par le commissariat des Affaires étrangères et celui du Commerce avec l’étranger, pour continuer par celui des Voies et communications, des Postes et télégraphes. Cette activité dévorante de propagande bolchevique a envahi jusqu’au domaine de la Croix-Rouge