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des autres poèmes et elle sera enfin la fleur de l’esprit de ceux qui y sont excellents.

A-t-on jamais mieux défini les œuvres que composa La Fontaine durant les années qu’il vécut auprès de Fouquet ? Clymène n’est-elle pas vraiment la fleur de son esprit ?

Un critique sévère a trouvé que l’idéal de Mlle de Scudéry, — c’était d’ailleurs, celui de Fouquet, — ne faisait pas la part assez large à la sensibilité et à la vie, que le sublime n’y avait pas sa part. — La sensibilité ! La vie ! Le sublime ! O temps trois fois heureux que celui où, en échange de ses libéralités, Mécène ne demandait à ses protégés qu’une ballade, un madrigal, une épigramme !

Peu importent le gagne-pain et le passe-temps des rimeurs médiocres. Les vrais poètes, comme La Fontaine, croient toujours que la Princesse se meurt, mais toujours elle en réchappe, malgré leurs gémissements et leur courroux. Ce sont eux-mêmes qui la ressuscitent. Ils suivent d’abord les modes littéraires, sans trop se soucier de savoir si elles font la part assez large à la sensibilité et à la vie. Mais, viennent le malheur et la souffrance, ils laissent parler leur cœur... Alors la Princesse apparaît aux yeux des hommes plus jeune, plus belle, plus touchante que jamais. Après Adonis, après les « menus vers, » après Clymène, c’est l’immortelle Elégie aux Nymphes de Vaux.


II. — LE VOYAGE EN LIMOUSIN. — Mlle DE LA FONTAINE


I — L’ÉCUYER MALGRÉ LUI

La chute de Fouquet fut pour La Fontaine une grande a miction. Ses meilleurs amis subissaient, comme lui, le contre-coup de la catastrophe. Pellisson était embastillé. Elle était finie, la mission secrète de Maucroix, et, après s’être expliqué devant la justice, le chanoine devait regagner Reims, désabusé de la gloire et de la diplomatie. Puis, plus de surintendant, partant plus de pension. Ajoutez aux chagrins et aux inquiétudes, une fièvre maligne, et, par-dessus toutes ces calamités, le grave ennui d’un procès.

Une déclaration royale du 8 février 1661 punissait d’une amende de 2 000 livres quiconque avait usurpé la noblesse et pris le titre d’écuyer. Simple mesure fiscale : il s’agissait