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ACANTHE


Selon votre manière,
Du bonheur d’un ami, d’un parent ou d’un frère.


Outré de la froideur de sa maîtresse, Acanthe la menace de la prendre au mot et de ne plus être pour elle qu’un ami...

Mais Apollon interrompt le dialogue amoureux et invite les deux Muses à passer du « poétique » au « plaisant. » Melpomène se récrie à la pensée de rendre Acanthe « plaisant. » Le maître du jeu l’exige : les deux Muses prennent des masques de comédie.

Un matin, Acanthe pénètre secrètement chez Clymène et la trouve sur son lit, endormie. Il soupire si fort qu’elle s’éveille en sursaut ; elle invite Acanthe à s’asseoir sur son lit. Jeux de coquetterie. Baiser offert à l’ami, dédaigné par l’amant. Ce badinage galant est d’une grâce infinie. Acanthe semble à la fin se résigner.


Eh bien, je consens d’être ami pour un moment.


Mais c’est à la prudente Clymène d’abandonner la partie.


Sous la peau de l’ami, je craindrois que l’amant
Ne demeurât caché pendant tout le mystère.
L’heure sonne, il est tard ; n’avez-vous point affaire ?

ACANTHE.


Non ; et quand j’en aurois, ces moments sont trop doux.

CLYMÈNE.


Je me veux habiller ; adieu, retirez-vous.


Clio est ensuite appelée à divertir la compagnie. Apollon a envie


De goûter de ce genre où Marot excelloit.


Clio, qui n’est pas en verve, offre un triolet ; mais Apollon, ironique :


C’est trop ; vous nous deviez proposer un distique.


La Muse paresseuse voudrait s’en tirer avec un dizain. Apollon exige une ballade, et Clio s’exécute.

Calliope entame une ode à la manière de Malherbe, où elle supplie l’Amour de fléchir Clymène :