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De ne voir presque plus de bons vers, sur l’amour.
………….
Amour et vers, tout est fort à la cavalière.


Cependant, sur les bords de l’Hippocrène, il vient de voir


Acanthe fort touché de certaine Clymène.


Mais qui donc est cette Clymène ? Erato (Muse de la poésie légère) répond :


Sire, j’en puis parler : c’est ma meilleure amie.
La province, il est vrai, fut toujours son séjour ;
Ainsi l’on n’en fait point de bruit en votre cour.


Les autres Muses déclarent qu’elles aussi connaissent cette belle provinciale. Apollon, qui a tout l’air d’un surintendant tenant « consistoire » de poètes et de précieuses, invite les Neuf sœurs à chanter tour à tour. Alors commence sur le thème des amours d’Acanthe et de Clymène une suite de variations, selon des modes poétiques différents.

Euterpe et Terpsichore commencent dans le style de l’Eglogue, se renvoyant les strophes, puis les vers. Ensuite, c’est le tour de Melpomène et de Thalie : elles jouent une scène où la première fait Clymène et la seconde Acanthe. Clymène dit à Acanthe qu’il perd son temps et ses soins :


Voulez-vous qu’on vous aime, aimez-nous un peu moins.


Acanthe jure qu’il ne peut cesser d’aimer :


Mourir en vous aimant est toute mon envie :
Mon amour m’est plus cher mille fois que la vie !
Laissez-moi mon amour, Madame, au nom des dieux !


Ils sont presque de Racine, ces vers tendres et passionnés !

Clymène confesse que, si elle ne veut plus aimer, c’est que l’amour a déjà « traversé sa vie. » Et la dispute continue, l’éternelle dispute de celui qui aime et de celle qui n’aime point.


CLYMÈNE


Aimez-vous mieux souffrir contre mon propre gré,
Que si, m’obéissant, vous étiez bien traité ?
Je vous rendrois heureux.