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comme La Basinière et d’Hervart, des courtisans comme La Feuillade, Créqui, Lauzun, des femmes réputées pour leur esprit ou leur beauté comme Mme du Plessis-Bellière.de Sévigné, d’Uzelles, de Brienne. Sa seconde femme, Marie-Madeleine de Castille, beauté brune aux mains fines et à la taille svelte, lui apporte le secours de sa grâce et de son esprit. Fidèle à la tradition de Richelieu, conti-nuée par Mazarin, il réunit des collections de tableaux, de livres, de manuscrits, d’antiques et de curiosités de toutes sortes. Il protège et pensionne des poètes, des artistes et des savants.

En lui rien du grossier parvenu. Il sort d’une famille parlementaire et a été élevé parmi des amateurs de livres, de tableaux et de médailles. Il aime véritablement les lettres, il reçoit ses pensionnés, il lit leurs vers, il se plaît à les conseiller et à les guider. Lui-même rime des madrigaux et des devises ; ses productions sont d’une ex-trême platitude, mais son goût vaut mieux que sa poésie. Il protège une foule de littérateurs médiocres, mais Scarron, Ben-serade, Mlle de Scudéry, Quinault, Corneille ont part à ses bienfaits. Enfin, non content d’embellir sa maison de Saint-Mandé et d’y accumuler des livres rares et des œuvres d’art, il vient de commencer à Vaux la construction d’un château magnifique. Les plans en ont été signés par l’architecte Le Vau, au mois d’août 1656, et déjà les bâtiments sortent de terre ; André Le Nôtre ordonne les parterres, les eaux et les bosquets ; Le Brun esquisse les compositions qui décoreront les plafonds et les voûtes ; à Rome, Poussin modèle les Termes qui orneront les jardins [1].


II. — LES EMBARRAS DE LA FONTAINE

La Fontaine fut introduit chez le surintendant par un oncle de sa femme, M. Jannart, « substitut faisant charge de procureur » et fort avant dans les bonnes grâces de Fouquet. Il retrouva parmi les familiers de la maison nombre de poètes qu’il avait déjà rencontrés à Paris, alors qu’avec Maucroix et Tallemant, il fréquentait chez Pellisson. Celui-ci, devenu distributeur des bienfaits du surintendant, ne fut pas des derniers ii appuyer le protégé de Jannart.

  1. Le surinten-dant Nicolas Foucquet, protecteur des lettres, des arts et des sciences, par U. V. Châte-lain.