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JEAN DE LA FONTAINE
COURS LIBRE PROFESSÉ A L’UNIVERSITÉ DE STRASBOURG

DEUXIÈME ET TROISIÈME LEÇONS [1]


I. — CHEZ LE SURINTENDANT FOUQUET


I. — NICOLAS FOUQUET

La Fontaine est présenté au surintendant Fouquet dans le cours de l’année 1657 : il a alors trente-six ans.

C’est l’heure où le destin semble sourire à toutes les ambitions de Fouquet. Depuis sept ans il est procureur général au Parlement de Paris, depuis quatre ans surintendant des finances avec Servien. La souplesse de son esprit abondant en ressources et fertile en flatteries lui a conquis la confiance de Mazarin : au Parlement, il désarme ou achète les adversaires du ministre, tandis que, financier inventif, il comble au jour le jour les vides que creusent dans le trésor public les dépenses de la guerre et les exactions de Mazarin lui-même. Dès lors, pour assurer son pouvoir et déjouer les retours de la fortune, il se ménage secrètement les moyens de tenter un coup d’Etat ; il a ses diplomates et sa police. En même temps, il se fait des partisans, des amis, une cour, une clientèle.

On n’a qu’à regarder l’homme, tel que le montrent ses portraits : des yeux de ruse, des lèvres jouisseuses, de belles mains séductrices, un air de feinte nonchalance, et l’on devine sans peine comment il sut attirer et retenir auprès de lui des financiers

  1. Voyez la Revue du 1er juillet