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SOUVENIRS
DE
SAINT-DENIS dit ALI
SECOND MAMELUCK DE L’EMPEREUR

II [1]


V. — L’ILE D’ELBE

[Sitôt la garnison de Mayence libérée, Saint-Denis rentra à Paris. Sa première idée fut d’aller rejoindre l’Empereur, et sa première visite pour le Grand-Ecuyer qui pouvait lui en fournir les moyens. Quand il eut obtenu ses passeports, il partit, chargé d’une lettre du duc de Vicence, de Linge et effets envoyés à l’Empereur par M. de Turenne et non sans avoir acheté pour les faire lire à l’Empereur « toutes les brochures qui avaient paru depuis l’installation du gouvernement des Bourbons, ainsi qu’une collection de journaux. » Il s’embarqua à Gênes pour Livourne, d’où il fut conduit à Porto-Ferrajo. Aussitôt débarqué, il prit le chemin du palais.]


La maison ou palais de l’Empereur me parut être de très médiocre apparence. J’entre, je vois Marchand, Gellis et quelques autres personnes de connaissance. On se serre les mains, on s’embrasse, on se fait amitié. Je demande où est l’Empereur, s’il est chez lui. « Il n’y est pas, me dit-on ; il est à Saint-Martin. » Sans perdre de temps, je m’habillai en mameluck et j’allai aux écuries où on me prépara un cheval.

En une demi-heure je me trouvai devant l’Empereur. Sa Majesté ne fut pas peu surprise de me voir. Elle m’accueillit avec bonté. Je lui remis la lettre du Grand-Écuyer, en lui disant que Monsieur le duc mettait à ses pieds l’hommage de son respect.

  1. Voyez la Revue du 15 juin.