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très large encore, on peut être assuré que l’enseignement secondaire gagnera en qualité ce qu’il perdra en quantité.

Le ministre actuel de l’Instruction publique a donné un jour cette formule : « Fortifier à la fois les études classiques, et l’enseignement technique. » Fortifier les études classiques c’est, nous l’avons dit, renouer l’alliance brisée des sciences et des lettres, du double esprit de géométrie et de finesse et, puisque les sciences n’ont pas besoin qu’on leur fasse une part qu’elles se font elles-mêmes, c’est surtout rendre aux lettres et, mettons pour plus d’un siècle encore, au latin leur dû. Mais il est temps de le dire, l’enseignement secondaire ramené à sa nature propre, débarrassé de toutes ses contrefaçons, que l’on croirait inventées par des élèves ne voulant de lui que le nom, doit avoir pour contre-partie l’enseignement professionnel. Ils ne doivent pas être rivaux, mais complémentaires. Du succès de l’enseignement professionnel naî-tra même une sécurité pour l’enseignement secondaire, dès lors protégé contre des inva-sions redoutables. Il va sans dire qu’il y a d’autres raisons plus directes de développer l’enseignement professionnel, et aussi bien l’évangile de la production ne manque pas aujourd’hui d’apôtres. Ecoles à créer, vocations aussi à déterminer, mœurs peut-être à orienter et table des valeurs à réviser : ce sont problèmes qui dépassent le cadre de cet article. Mais il faut dire, sans ambages, que de l’éducation moyenne l’éducation secondaire n’est qu’une partie. Nous n’avons dessiné qu’un des volets du diptyque.

Est-ce même diptyque qu’il faut dire ? Si l’on trouve le choix imposé aux parents trop rigoureux, si l’on veut faire une place à la variété à côté de l’enseignement secondaire, non plus en lui-même, les écoles primaires supérieures offrent entre l’enseignement secondaire et l’enseignement technique, non pas une transition, mais une série de transitions. Elles comptent plus de 60 000 élèves, sans compter 30 000 élèves des cours complémentaires qui sont des » écoles primaires supérieures » inférieures. On se demande pourquoi M. Herriot les malmène dans ses brillants rapports. On comprend mieux que les congrès de l’enseignement secondaire, en prenant quelque ombrage, leur fassent grise mine. On leur reproche d’être des écoles de fonctionnaires. Rien de plus in-juste. Des réformes récentes les plient à tous les besoins de toutes les régions. Elles offrent la plus grande diversité, depuis celles qui côtoient l’enseignement