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sera nettement classique. Il ne ressemblera plus à un labyrinthe dans lequel les élèves cherchent leur chemin, sans être jamais sûrs de ne pas s’être trompés ; mais il retrouvera le caractère de route nationale largement ouverte à l’élite intellectuelle.


CONCLUSIONS

Il y a cinquante ans, et même moins, la mode était à la variété, et le sage M. Gréard demandait qu’on mit à la portée de la jeunesse des types divers d’éducation. Le tort a été de les chercher dans l’enseignement secondaire même. Nous éprouvons aujourd’hui le besoin contraire. Après avoir été soumis à des expériences multiples qui l’ont comme désarticulé, notre enseignement secondaire as-pire, par une réaction fatale, à se retremper dans son unité et dans la conscience de lui-même retrouvée. Ce besoin d’unité va jusqu’à faire bon marché dans les programmes de la différence des sexes. Toute réaction a ses excès. Il est possible d’ailleurs que l’enseignement secondaire restauré ne soit plus du goût de toutes les jeunes filles. Qu’il perde une partie de sa clientèle même masculine, cela est non seulement accepté, mais voulu. Il y a des cultures qui ne doivent pas être vulgarisées. Et la faute prolongée a été de s’obstiner à donner à un nombre chaque jour plus grand une éducation qui était, dans son principe, aristocratique. Cette aristocratie d’élèves se recrute de plus en plus profondément dans la démocratie ; elle-même doit rester une élite. Rien ne sert de faire deux enseignements secondaires, ou plus. Les familles voudront toujours le meilleur, et l’attireront par leur masse vers un niveau inférieur. Il est probable que beaucoup de collèges seront les victimes de ce retour de l’enseignement secondaire vers ses méthodes propres et son esprit traditionnel. La réforme de 1902 les a déjà gravement atteints en imposant des sectionnements à des groupes d’élèves trop restreints. On ne cherchera pas à les ressusciter, mais on facilitera leur évolution vers l’enseignement primaire supérieur. Les « compagnons » comptent pour l’enseignement secondaire une diminution d’effectif allant jusqu’aux trois quarts de l’effectif actuel. C’est trop généreux. Il faut songer au recrutement de l’enseignement supérieur qui ne se ferait plus sur une base suffisante, en admettant même que les facultés des sciences, comme elles l’acceptent, se recrutent partiellement ailleurs. Mais, en acceptant une perte