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enfin, ce morcellement des classes entraine des difficultés dont les lycées de Paris ou de grandes villes n’ont pas idée. Chaque section, dans ces établissements, a des amateurs en nombre suffisant pour constituer une classe normale. Mais (ce sont des faits constatés) entrez dans la classe de Première d’un collège, qui n’est pas parmi les plus petits. Vous trouverez cinq élèves répartis en quatre sections. Et, comme les professeurs jettent les hauts cris si l’administration supprime une heure, — pour le grec par exemple, on « géminé » deux classes, — il en résulte qu’un élève a droit à lui seul à cinq heures de grec [1]. C’est son compte en Première A. L’heure d’un professeur de collège est payée en moyenne 600 francs par an. Dans un lycée ce serait plus cher. Calculez ce que coûte, pour le grec seul, un élève de Première A. Comparez avec ce qu’il paye pour l’ensemble de ses études. Oh ! nous ne sommes pas des marchands ! — Et nous ne parlons pas de l’unité de la classe brisée, ni du manque de liaison entre des enseignements distribués isolément à ces fragments de classe.

Considérons maintenant les sections une à une. La section sans latin (B du premier cycle, D du second cycle), legs de l’enseignement moderne, est celle d’élèves qui, dans le cadre de l’enseignement secondaire, sont en réalité des élèves d’écoles primaires supérieures. Sauf des exceptions qui tiennent à un parti pris tout théorique de certains parents contre le latin, le niveau de cette section est nettement inférieur au niveau moyen de l’enseignement secondaire. Quand des professeurs, voulant contrôler leurs impressions d’ensemble, instituent des compositions de grammaire ou de français communes, le résultat est lamentable pour la section sans la-tin, tellement lamentable qu’on ne peut attribuer à la seule vertu du latin les différences constatées, mais à une inégalité initiale dans le recrutement. Quant aux sciences, tout ce que l’on peut dire, c’est que le programme du baccalauréat est le même pour les élèves du D et de C, mais que les premiers ont mis six ans pour s’y préparer, les seconds deux ans, en étudiant le latin par surcroit. — La section B du second cycle avait paru séduisante aux premières heures de la réforme. On s’est aperçu bientôt qu’elle était la plus facile, et cette facilité l’a disqualifiée. Elle est vite devenue le refuge des

  1. Un vote du Parlement (il n’a pas fallu moins), vient de limiter cet abus.